Le Burkina Faso exige que « la lumière soit faite » après la mort d’un influenceur à Abidjan

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré. © Facebook K. JM Traoré

Le gouvernement burkinabè a exigé lundi que « toute la lumière soit faite » sur la mort en prison à Abidjan de l’influenceur Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso, soutien du régime au pouvoir au Burkina détenu depuis janvier en Côte d’Ivoire pour « intelligence avec des agents d’un Etat étranger ».

La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso entretiennent des relations très tendues depuis la prise de pouvoir à Ouagadougou du capitaine Ibrahim Traoré par un coup d’Etat en septembre 2022.

Détenu à l’Ecole de Gendarmerie à Abidjan, Alain Christophe Traoré, 44 ans, « s’est pendu à l’aide de son drap de lit, après avoir tenté sans succès de s’ouvrir les veines du poignet », a affirmé dimanche le procureur de la République de Côte d’Ivoire Oumar Braman Koné, précisant qu’une enquête est en cours pour comprendre les « circonstances » du décès.

M. Traoré a été retrouvé mort jeudi.

Interpellé le 10 janvier à Abidjan, Alino Faso était notamment poursuivi pour « intelligence avec des agents d’un Etat étranger de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de la Côte d’Ivoire ou à ses intérêts économiques essentiels ».

« Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ce drame », a réagi lundi dans un communiqué le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, lors d’une convocation de la chargée d’Affaires de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Ouagadougou.

Le gouvernement « rejette avec force et vigueur la thèse du suicide actuellement avancée par les autorités ivoiriennes », a affirmé plus tard le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo.

Il « condamne fermement cette disparition assimilable à un assassinat crapuleux » et « s’interroge sur les motivations révélées de sa détention dans une caserne de gendarmerie plus de six mois après son interpellation et sans procès », a dit le porte-parole.

Par ailleurs, le gouvernement « exige des autorités ivoiriennes le rapatriement sans délai du corps ».

Le ministre Traoré indique que « ni les représentations diplomatiques du Burkina Faso en Côte d’Ivoire (…), ni le ministère en charge des Affaires étrangères à Ouagadougou, n’ont été officiellement notifiés sur la survenue de ce drame ».

Selon lui, « c’est 72 heures après le drame que la nouvelle a été diffusée à travers un communiqué lapidaire ».

« Il y a beaucoup de mépris, un manque d’égard et de courtoisie pour les autorités et le peuple burkinabè » et « encore plus pour la famille du défunt qui découvre une nouvelle aussi douloureuse sur les réseaux sociaux », a déclaré Karamoko Jean-Marie Traoré.

Une source sécuritaire avait déclaré à l’AFP en janvier qu’Alino Faso était suspecté d’avoir des liens étroits avec les « Bataillons d’intervention rapide de la communication » (BIR-C), un groupe de cyberactivistes burkinabè très influents sur les réseaux sociaux.

Alino Faso s’était installé en 2021 avec sa famille à Abidjan où il avait ouvert un restaurant, mais séjournait régulièrement au Burkina Faso.

Avec AFP

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