L’armée française rétrocède sa dernière base au Tchad

L'armée française rétrocède sa dernière base au Tchad. © DR

La France a rétrocédé jeudi sa dernière base militaire au Tchad, avec une cérémonie à huis clos marquant le retrait historique de ses forces armées de ce pays désertique et de la région du Sahel, près de 65 ans après la décolonisation.

« La rétrocession de la base Sergent Adij Kossei de N’Djamena vient boucler définitivement la présence française au Tchad, conformément à la volonté des hautes autorités » de N’Djamena, a indiqué l’état-major tchadien dans un communiqué publié à la veille d’une cérémonie officielle, prévue vendredi, pour marquer la fin d’une longue histoire remontant à l’arrivée des troupes coloniales françaises en 1900.

« Le camp de Kossei à été rétrocédé aujourd’hui (jeudi) à l’armée tchadienne », a pour sa part fait savoir à Paris le porte-parole de l’état-major des armées français, le colonel Guillaume Vernet. Les personnels et matériels de combat ont été transférés en France, seuls restent sur place des conteneurs qui seront ramenés par voie terrestre et maritime par des prestataires privés, selon la même source.

Le Tchad était le dernier point d’ancrage de la France au Sahel, où Paris a compté jusqu’à plus de 5.000 militaires dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane, stoppée fin novembre 2022.

Depuis, quatre autres anciennes colonies françaises – le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso – ont enjoint à Paris de retirer son armée de leurs territoires après des années de présence militaire et se sont rapprochées de Moscou.

Le Tchad, où restaient stationnés un millier d’hommes, a annoncé fin novembre sa décision surprise de rompre à son tour les accords militaires avec la France.

– « Départ définitif » –

Lors de la rétrocession d’une autre base française au Tchad, celle d’Abéché, les autorités tchadiennes avaient annoncé que le 31 janvier, date « impérative », « irréversible » et « non négociable », marquerait « le départ définitif des forces françaises », déployées à l’époque de la colonisation et restées après l’indépendance du pays en 1960.

Selon le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, un militaire au pouvoir depuis 2021 en succession de son père également militaire, les accords de coopération avec la France étaient devenus « complètement obsolètes » face « aux réalités politiques et géostratégiques de notre temps ».

A rebours des liens étroits unissant le pouvoir tchadien et l’armée française, la décision de rupture avait été saluée à travers le pays et suivie par deux manifestations de soutien sur le thème « Tchad hourra, France dehors », mobilisant quelques centaines de jeunes à N’Djamena et Abéché.

Le Sénégal négocie lui aussi le départ de troupes françaises d’ici fin 2025. Les effectifs militaires français diminuent parallèlement en Côte d’Ivoire et au Gabon, conformément à un plan de restructuration de la présence française en Afrique de l’Ouest et centrale.

La base française de Djibouti, qui accueille 1.500 personnes, n’est pas concernée par cette réduction de voilure, Paris voulant en faire un « point de projection » pour les « missions » en Afrique, après le retrait forcé de ses forces du Sahel.

Le Tchad, pays immense, pauvre et enclavé du Sahel, est en transition politique depuis le coup d’État qui a porté au pouvoir le général Déby en avril 2021, avant sa légitimation par une élection présidentielle contestée en avril dernier. Des élections législatives, boycottées par l’opposition, ont consolidé le pouvoir fin 2024.

Le pays subit actuellement des attaques du groupe jihadiste Boko Haram dans le nord-ouest, accueille un afflux de réfugiés venus du Soudan en guerre, et dément régulièrement des accusations d’ingérence chez son voisin soudanais.

Le 8 janvier, une fusillade devant le palais présidentiel de N’Djamena, présentée par le pouvoir comme une « attaque » menée par des « individus malintentionnés » décidés à « vitrifier » le chef de l’État, avait fait 20 morts, 18 assaillants et deux gardes présidentiels.

Au Tchad comme au Sénégal ou au Burkina Faso, les récents propos du président français Emmanuel Macron sur « l’ingratitude » des pays africains vis-à-vis des interventions militaires françaises contre les jihadistes au Sahel ont suscité l’indignation.

Avec AFP

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