La Confédération des États du Sahel (AES), regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a appelé mardi 18 novembre à une refondation de la coopération régionale et internationale dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest. L’intervention, prononcée par l’ambassadeur du Mali à l’ONU Issa Konfourou, au nom des ministres des Affaires étrangères de l’AES lors d’une réunion publique du Conseil de sécurité des Nations Unies, a insisté sur la nécessité d’un « dialogue constructif » et du respect de la souveraineté des États sahéliens.
Un contexte sécuritaire toujours critique
Selon le représentant permanent du Mali à l’ONU, la région fait face depuis plus de dix ans à une intensification des violences terroristes, qui touchent indistinctement populations civiles, infrastructures sociales et voies de ravitaillement. Il a affirmé que les groupes armés, mis en difficulté par les Forces armées, auraient désormais recours à un « terrorisme économique », ciblant notamment les infrastructures civiles. Ces attaques ont provoqué des milliers de morts, de déplacés et une dégradation drastique des services sociaux essentiels.
La création de l’AES présentée comme une réponse souveraine
Le discours est revenu sur les motivations qui ont mené, en 2023, les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger (le capitaine Ibrahim Traoré, le général Assimi Goïta et le général Abdourahamane Tiani) à créer la Confédération des États du Sahel. Avec pour objectif, selon M. Konfourou, de « mutualiser » les efforts de défense, de diplomatie et de développement face à un terrorisme transnational.
L’AES met en avant la coordination militaire croissante entre les trois pays. Le représentant a rendu hommage aux forces engagées sur le terrain, saluant « le sacrifice quotidien » des soldats qui « sécurisent les territoires, les populations et les biens ».
Appel à une coopération régionale « débarrassée des ingérences »
L’AES se dit prête à travailler avec les pays voisins et les partenaires internationaux, mais pose plusieurs conditions : respect strict de la souveraineté des États, prise en compte de leurs choix stratégiques, définition commune de la menace terroriste, et approche inclusive et non coercitive.
Le représentant permanent a dénoncé les « sanctions illégales, injustes et inhumaines » imposées ces dernières années à certains États sahéliens ainsi que les « ingérences extérieures » qui, selon lui, auraient entravé la coopération régionale. Il a également plaidé pour une meilleure collaboration en matière de renseignement.
Critiques envers l’action de l’ONU et appel à une aide humanitaire accrue
Si l’AES reconnaît le rôle central des Nations Unies, elle estime que les réponses actuelles (rapports, résolutions, réunions) ne suffisent pas. Le diplomate a cité l’exemple du Mali, où la MINUSMA, selon les autorités maliennes, n’aurait pas disposé d’un mandat ou de règles d’engagement adaptées au contexte sécuritaire.
La Confédération a aussi attiré l’attention sur la lutte contre le financement du terrorisme, notamment les rançons exigées lors d’enlèvements. L’orateur s’est montré particulièrement préoccupé par le niveau de financement humanitaire pour le Sahel, estimé à seulement 14 % des besoins.
Mise en cause d’une partie de la presse internationale
Un des passages les plus virulents du discours a dénoncé ce que l’AES qualifie de « terrorisme médiatique ». Certaines publications étrangères sont accusées par la Confédération de diffuser une information « militante » ou « revancharde », qui servirait selon elle de caisse de résonance aux organisations terroristes.
Hommage aux victimes et appel à la résilience
Le discours s’est terminé par un hommage aux victimes civiles et militaires des violences, avec une mention particulière pour Mariam Cissé, une ressortissante de la ville de Tonka (Tombouctou) récemment assassinée par des terroristes djihadistes. L’AES a salué la « résilience admirable » des populations sahéliennes et réaffirmé sa « détermination sans faille » à poursuivre la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
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