La dissolution des partis politiques, un mal nécessaire ou un acte de libération ?

La dissolution des partis politiques, un mal nécessaire ou un acte de libération ? © DR

Depuis mai 2025, le Mali a pris une décision qui a ébranlé le paysage politique : la dissolution de tous les partis politiques. Cette mesure, qui bouleverse les fondements du système politique du pays, pousse à s’interroger sur leur véritable utilité et leur rôle concret dans la vie des citoyens.

La déconnexion des partis politiques et leur transformation en instruments d’enrichissement personnel

Autrefois perçus comme les porte-voix du peuple et les garants de la démocratie, les partis politiques maliens se sont progressivement éloignés de leur mission originelle. À une époque où les citoyens réclamaient des solutions concrètes en matière de développement et de justice sociale, ces partis ont échoué à répondre à leurs aspirations. Loin de se consacrer au service de la nation, ils ont concentré leurs efforts sur la préservation de leurs privilèges et la quête du pouvoir à tout prix. Ce détournement de mission a entraîné des conséquences dramatiques. Au lieu d’être des acteurs de changement social, les partis politiques sont devenus des instruments d’enrichissement personnel.

Les dirigeants politiques, de plus en plus déconnectés des réalités du terrain, ont sacrifié l’intérêt général au profit de leurs intérêts personnels. Ils ont transformé ces partis en véritables « pompes à fric », où les débats sur les projets de société et l’amélioration des conditions de vie des Maliens ont cédé la place à des transactions financières et des alliances opportunistes. Dans l’ombre des institutions, les subventions publiques, qui auraient dû servir à financer les services sociaux et les infrastructures, ont été détournées, contribuant à un système où l’enrichissement personnel prévaut sur l’intérêt collectif. Ce délitement des partis politiques a accentué la fracture entre les élites et la population, alimentant une méfiance croissante et un désenchantement général à l’égard de la politique.

Ainsi, loin d’être des vecteurs de progrès, ces partis ont nourri une dynamique de corruption et de mépris pour les besoins réels du peuple, trahissant les idéaux démocratiques et minant la confiance en toute forme d’engagement politique.

L’échec de l’éducation et du développement

L’impact de cette corruption est visible dans de nombreux secteurs, dont l’éducation. Alors que l’avenir du pays repose sur la formation de sa jeunesse, le système éducatif malien est laissé à l’abandon. Les jeunes, prêts à contribuer au développement du pays, sont souvent livrés à eux-mêmes, sans véritable préparation pour affronter le marché du travail. Le manque de vision politique dans ce domaine est l’une des conséquences les plus dramatiques de l’incapacité de la classe dirigeante d’hier à prendre en compte les besoins réels de la population.

La dissolution des partis : un mal nécessaire ?

Face à cette situation, la dissolution des partis politiques, bien que difficile, pourrait se révéler être un mal nécessaire. Depuis mai 2025, cette décision n’a suscité ni tollé populaire ni mouvement de contestation majeur, un silence révélateur. Il semble que le peuple malien, lassé d’un système politique figé et peu efficace, n’ait pas trouvé de raison de s’en émouvoir.

Pour la première fois depuis des décennies, une réalité s’impose avec clarté : les partis politiques, tels qu’ils fonctionnaient, ne répondaient plus aux aspirations immédiates des citoyens. Et surtout, contrairement à d’autres secteurs vitaux tels que l’administration publique ou la santé, où une grève ou une pénurie de services pourrait causer une gêne réelle, Leur disparition des partis de l’espace public n’a provoqué aucun désagrément notable. La vie quotidienne suit son cours, imperturbable, et les Maliens continuent de faire face à leurs priorités, qu’il s’agisse de l’emploi, de la sécurité, de l’accès à l’éducation ou aux soins de base ; autant de domaines qui, visiblement, ne dépendaient pas de l’activité partisane mais de la volonté sincère des patriotes qui, chaque jour, mettent leur vie et leur existence entre parenthèses pour le bien-être de la nation et de la population.

Et c’est là que l’ironie devient mordante, on en viendrait presque à se demander à quoi servaient vraiment ces partis. Quelle mission essentielle remplissaient-ils, pour que leur absence passe ainsi inaperçue ? Était-ce un rouage indispensable du quotidien… ? Etaient-ils là pour servir la population, ou simplement pour exister en son nom ?

La politique malienne face à ses contradictions

Les responsables politiques maliens, souvent repliés dans leur sphère d’intérêts personnels, semblent ignorer la souffrance quotidienne du peuple. En dépit d’une crise économique et sociale de plus en plus grave, ces élites continuent à se livrer à des jeux de pouvoir, indifférentes aux réalités du terrain. Leurs actions se déconnectent de ce que les Maliens attendent réellement, à savoir un accès équitable à l’emploi, à l’éducation, à la santé et à une vie digne. Cette fracture grandissante entre les dirigeants et la population a renforcé la frustration et le désenchantement du peuple

Le rôle crucial des FAMa : restauration de la paix et liberté de circulation

Au cœur de ce chaos politique, les Forces armées maliennes (FAMa) jouent un rôle central dans la restauration de la stabilité et de la paix. Leur engagement sur le terrain a permis de rétablir la sécurité de manière mesurée, tout en assurant la liberté de circulation, un droit fondamental pour les Maliens. Ces efforts sont essentiels pour créer un environnement propice au développement et à l’émergence de nouvelles structures politiques réellement au service du peuple. L’implication des FAMa constitue un pilier de cette transition, visant à offrir aux Maliens la possibilité de circuler librement et en toute sécurité à travers le pays, dans un environnement pacifié qui permet l’espoir et la projection.

Un premier pas vers une révision en profondeur du système politique

Cette dissolution des partis politiques ne marque ni la fin de la démocratie ni un retour à la répression. Au contraire, elle pourrait être le début d’une refondation en profondeur du système politique malien. Il est crucial de redéfinir le rôle des partis politiques dans une démocratie véritable, et de remettre le peuple au centre du processus décisionnel. La démocratie ne doit pas se limiter à un simple jeu électoral où les partis se battent pour le pouvoir, mais devenir un véritable outil de transformation sociale, de progrès et d’amélioration des conditions de vie des citoyens.

Il est plus que jamais temps de repenser la politique malienne, de réaffirmer la place centrale des citoyens dans les choix collectifs, et de bâtir un système démocratique qui ne soit pas un terrain d’enrichissement personnel mais un moteur de changement profond. Ce n’est qu’à travers une réforme véritable et sans compromis que le Mali pourra espérer devenir une nation libérée, plus juste, plus équitable et véritablement tournée vers l’avenir.

Manda CISSE

Auteur/Autrice

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