La Cédéao face aux crises ouest-africaines

La Cédéao face aux crises ouest-africaines. © Cedeao

Coup d’État en Guinée-Bissau, tentative de putsch au Bénin et rupture du dialogue avec l’AES : les chefs d’État de la Cédéao se réunissent aujourd’hui dimanche à Abuja dans un contexte de crises multiples qui mettent à l’épreuve la crédibilité de l’organisation régionale.

Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) tiennent ce dimanche 14 décembre 2025 à Abuja leur 68ᵉ sommet ordinaire, dans un contexte régional particulièrement tendu, marqué par un coup d’État en Guinée-Bissau, une tentative de putsch au Bénin et la rupture du dialogue avec l’Alliance des États du Sahel (AES).

La rencontre intervient trois semaines après le coup d’État du 26 novembre en Guinée-Bissau, qui a renversé le président Umaro Sissoco Embalo. À la veille de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 23 novembre, le général Horta N’Tam, chef d’état-major de l’armée, a instauré une transition d’un an sous la houlette du Haut Commandement militaire. L’ancien président a quitté le pays, tandis que l’opposant Domingos Simões Pereira demeure détenu et que le candidat Fernando Dias da Costa s’est réfugié à l’ambassade du Nigeria.

Début décembre, le président sierra-léonais Julius Maada Bio, président en exercice de la Cédéao, s’était rendu à Bissau pour tenter de rétablir l’ordre constitutionnel et obtenir la libération des responsables politiques détenus, sans succès. Les putschistes justifient leur action par la nécessité de « sauver le pays d’une crise politique imminente ».

Au Bénin, une tentative de coup d’État a été déjouée le 7 décembre. Le lieutenant-colonel Tigri Pascal, commandant des forces spéciales de la garde républicaine, avait brièvement pris le contrôle de la télévision nationale ORTB et annoncé la destitution du président Patrice Talon. Les forces loyalistes, appuyées par le Nigeria, ont rapidement rétabli l’ordre. La Cédéao a depuis dépêché sa force régionale pour sécuriser le pays. Le meneur des putschistes demeure en fuite, selon Jeune Afrique.

Cette crise survient à l’approche de l’élection présidentielle béninoise de 2026, à laquelle le président Patrice Talon a annoncé ne pas se représenter après deux mandats conformément à la Constitution. L’opposition, Les Démocrates, est empêchée de participer au scrutin. Le camp présidentiel a désigné Romuald Wadagni, ministre de l’Économie et des Finances, comme candidat.

Le sommet d’Abuja se déroule également dans un climat de rupture du dialogue entre la Cédéao et l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger). Fin novembre, les ministres des Affaires étrangères de l’AES ont exprimé leur déception face à l’absence de suivi de la Cédéao, alors que les deux parties avaient amorcé un rapprochement en mai 2024 à Bamako.

Plusieurs chefs d’État sont arrivés à Abuja dès samedi en amont de ce sommet. Le président sierra-léonais Julius Maada Bio a annoncé son arrivée le 13 décembre, indiquant être venu « pour présider une session ordinaire de l’Autorité des Chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao » et disant attendre « des délibérations constructives » sur les défis urgents de la région.

Le président gambien Adama Barrow est également arrivé samedi à Abuja pour participer à cette 68ᵉ session. Accueilli avec une garde d’honneur à l’aéroport international Nnamdi Azikiwe, il a été reçu par les autorités nigérianes et diplomatiques gambiennes. La présidence gambienne souligne que sa participation illustre l’engagement de la Gambie en faveur de la coopération régionale et de la gestion concertée des crises ouest-africaines.

La présidence du Sénégal a pour sa part annoncé que le chef de l’État a quitté Dakar samedi pour Abuja, où il est arrivé dans l’après-midi et a été accueilli avec les honneurs militaires, témoignant de l’importance accordée à ce rendez-vous régional consacré aux enjeux de paix, de sécurité, de stabilité politique et d’intégration.

Ce dimanche, la présidence de la Côte d’Ivoire a indiqué que le vice-président Tiémoko Meyliet Koné a quitté Abidjan pour Abuja, où il représente le président Alassane Ouattara à ce sommet.

Le sommet des chefs d’État est précédé de réunions techniques et de rencontres ministérielles axées notamment sur la gouvernance, la paix et la sécurité, la libre circulation des personnes et le commerce, afin de préparer les décisions attendues au plus haut niveau.

Apanews

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