Guerre commerciale : Xi appelle l’UE à « résister ensemble », les marchés reprennent leur souffle

Le président chinois Xi Jinping. © DR

Le président chinois Xi Jinping a appelé vendredi l’Union européenne à « résister ensemble » face à la guerre commerciale de Donald Trump, le Premier ministre espagnol évoquant de son côté « le potentiel de croissance des relations » sino-européennes.

« La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international, et résister ensemble à toute coercition unilatérale », a lancé Xi Jinping à Pékin lors d’une rencontre avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

A l’issue de cette rencontre, le président espagnol a de son côté souligné que « l’Espagne et l’Europe ont un déficit commercial important avec la Chine que nous devons nous efforcer de rectifier ».

Mais « nous ne devons pas laisser les tensions commerciales entraver le potentiel de croissance des relations (…) entre la Chine et l’UE », a souligné M. Sanchez.

Après son revirement spectaculaire mercredi, l’imprévisible président des Etats-Unis a une nouvelle fois défendu jeudi à Washington son offensive sur les droits de douane, en assurant qu’elle était une « bonne chose ».

De son côté, le président français Emmanuel Macron a prévenu dans un message posté sur X vendredi que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était « une pause fragile » et qu' »avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires ».

Face à l’incertitude générée par la politique de Donald Trump, les marchés financiers continuaient de tanguer. Dans le sillage de New York la veille, l’indice vedette Nikkei de Tokyo a ainsi terminé la semaine en repli de 2,95% après avoir lâché plus de 5% en séance.

Wall Street avait fini en net recul jeudi, le Dow Jones perdant 2,50% et l’indice Nasdaq – 4,31%.

Après une ouverture en baisse, les places chinoises ont néanmoins basculé dans le vert, à l’image de Shanghai dont l’indice reprenait 0,53% aux alentours de 06H30 GMT, les investisseurs reprenant leur souffle au terme d’une semaine de montagnes russes.

En Europe aussi, les marchés boursiers évoluaient en petite hausse à l’ouverture vendredi. A Paris, le CAC 40 prenait 0,84%, Francfort +0,33%, Londres +0,44% et Milan +0,17% aux alentours de 7H45 GMT.

Les Bourses reprennent leur souffle après le gel de 90 jours, annoncé mercredi par Donald Trump, des surtaxes punitives qu’il venait d’imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.

Mais les Etats-Unis maintiennent depuis début avril des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE.

– « Très intelligent » –

Le cas de la Chine, finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%, effraie aussi les investisseurs.

L’UE, de son côté, a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé « très intelligent ».

Mais si les discussions avec les Etats-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.

« Il existe un large éventail de contre-mesures », a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant « une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques » et le recours à l' »instrument anticoercition », surnommé « bazooka » et pensé comme un outil de dissuasion.

M. Trump s’est montré serein jeudi en jugeant que « la transition aura un coût et posera des problèmes » mais qu’en fin de compte, « ça sera une bonne chose ». L’impétueux président a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.

Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé ne « rien » voir d' »inhabituel aujourd’hui » sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l’achat d’actions juste avant sa volte-face mercredi.

– Profil bas –

Isolée face à l’administration Trump, la Chine, que les Etats-Unis jugent responsable d’une terrible crise de santé publique liée à un opioïde dans le pays, a promis de « se battre jusqu’au bout ».

« La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d’égalité et basé sur le respect mutuel », a toutefois tempéré le ministère chinois du Commerce.

D’autres pays asiatiques – dépendants de leurs exportations vers les Etats-Unis – font profil bas. A l’instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l’Association des nations d’Asie du sud-est (Asean), laquelle a dit qu’elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.

Avec ses taxes à l’importation, Donald Trump pense avoir trouvé la martingale pour relocaliser la production industrielle dans son pays qu’il estime être victime de méfaits de la mondialisation.

Mais, selon le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, les pays qui commercent avec les Etats-Unis ne savent pas « comment négocier » car « il n’y a pas de théorie économique derrière ce qu’il [Donald Trump] fait ».

Avec AFP

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