Depuis plusieurs jours, le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Gabriel Touré, un pilier de la santé publique au Mali, est plongé dans une crise qui va bien au-delà des murs de l’hôpital. L’arrestation du Professeur Broulaye Samaké, chef du service anesthésie-réanimation, a déclenché un mouvement de grève massif, paralysant l’une des plus grandes institutions de soins du pays. Derrière cette arrestation se cache une réalité plus sombre : celle d’un système où la hiérarchie des classes, l’entre-soi et l’oubli du serment d’Hippocrate mettent en péril la vie des patients.
Un conflit privé détourné au détriment des patients
Les problèmes judiciaires de Broulaye Samaké sont d’ordre personnel et n’ont en aucun cas de lien avec ses responsabilités professionnelles. En 2005, ce dernier avait acquis une parcelle de terrain dans des conditions qui, à l’époque, ne semblaient pas poser de problème. Cependant, un conflit foncier est survenu en 2023, exacerbant une situation déjà complexe. Bien qu’il soit difficile de juger les actions de Broulaye Samaké, il est clair que cette affaire, devenue judiciaire, met en lumière les abus dont certains médecins et syndicats se sont rendus responsables, défendant des intérêts personnels au détriment de l’intérêt général.
Ce n’est ni la recherche de justice sociale ni la défense de la profession qui motivent ce mouvement, mais plutôt une volonté de manipuler la situation à des fins personnelles, mettant ainsi en péril les soins médicaux qui devraient être au cœur des préoccupations.
Le rôle inacceptable des syndicats et l’abandon du sens du métier
Ce qui est profondément choquant, c’est l’attitude des syndicats, qui ont non seulement pris position dans cette affaire privée, mais ont également choisi de transformer cette crise en un bras de fer pour obtenir des faveurs. Leur action détourne la mission fondamentale des soignants : protéger et soigner les vies humaines. La grève en cours n’honore en rien le métier de médecin, car elle se base sur des intérêts privés qui ignorent délibérément le bien-être des patients. Au lieu de défendre la profession, ces actions la dévalorisent en utilisant des vies humaines comme monnaie d’échange pour des revendications qui ne relèvent en rien de l’éthique professionnelle.
Un tel comportement est inadmissible. En soutenant une grève qui ne repose sur aucune cause légitime en termes de santé publique, les syndicats contribuent à ternir l’image d’une profession qui devrait être synonyme de dévouement et de respect de la dignité humaine. La souffrance des patients a été ignorée au profit d’une lutte pour des intérêts privés, une situation qui nuit à la crédibilité de toute une profession.
L’impact dramatique sur les patients
Depuis le début de la grève, les services du CHU Gabriel Touré sont paralysés, exposant des centaines de malades à des risques graves. Les urgences fonctionnent au ralenti, des interventions chirurgicales sont reportées, et des malades, dont la vie dépend de soins immédiats, se retrouvent sans traitement. Leurs vies sont suspendues à un conflit qui ne relève ni de leur santé ni de leur sécurité, mais de l’utilisation de l’hôpital comme terrain de jeu pour des revendications extérieures à la mission médicale.
Le besoin urgent d’une réforme profonde
Ce qui rend cette crise encore plus inacceptable, ce n’est pas seulement l’exploitation de l’hôpital à des fins privées, mais le dévoiement total du sens du métier de soignant. En soutenant un mouvement qui met la vie des patients en danger, les syndicats, ainsi que certains professionnels de santé, ont perdu de vue leur mission première : soulager la souffrance humaine. Le métier de médecin, au-delà de sa pratique clinique, repose sur des principes d’éthique.
Il est grand temps de restaurer la dignité du corps médical et de remettre l’intérêt des patients au cœur des préoccupations. L’hôpital ne peut pas être utilisé comme un levier de négociation pour des intérêts privés, et les soignants ne peuvent pas permettre que leurs actions soient perçues comme une forme de chantage. Nous devons exiger une réforme en profondeur, qui remette en place un système respectueux des principes d’éthique et de solidarité, et qui redonne à la médecine et à ses praticiens l’honneur qu’ils méritent.
Amichou Camara