La Banque africaine de développement (BAD) a démarré mardi à Abidjan ses assemblées annuelles, dont le point d’orgue sera l’élection d’un nouveau président jeudi, pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina, au moment où l’institution fait face au désengagement financier des Etats-Unis.
La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains.
Elle fait partie des grandes banques multilatérales de développement et ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux ainsi que des remboursements et revenus des prêts.
M. Adesina passe la main à la tête de l’institution après deux mandats de cinq ans pendant lesquels le capital souscrit de la BAD a triplé, passant de 93 milliards à 318 milliards de dollars.
« Je suis fier de l’héritage que je laisse derrière moi. Nous avons construit une institution financière de classe mondiale qui va continuer à faire progresser la position de l’Afrique dans un environnement mondial qui évolue rapidement », a déclaré M. Adesina lors de la cérémonie d’ouverture.
Il a notamment insisté sur le fait que les actions de la banque ont eu « un impact sur la vie de 565 millions de personnes en Afrique », ces dix dernières années, à travers 5 priorités: éclairer, nourrir, industrialiser, intégrer et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique.
La BAD a, par exemple, aidé à la construction de la plus grande station d’épuration d’Afrique, à Gabal el Asfar en Egypte, contribué à la réalisation d’un pont entre Sénégal et Gambie, à l’extension du port de Lomé au Togo, ou encore à des projets d’assainissement au Lesotho et d’accès à l’électricité au Kenya.
– Défis pour le futur président –
L’élection du successeur de M. Adesina doit se tenir jeudi à Abidjan, où se trouve le siège de l’institution.
Cinq candidats sont en lice: les anciens ministres de l’Economie du Sénégal Amadou Hott et de Mauritanie Sidi Ould Tah, l’économiste zambien Samuel Munzele Maimbo, la Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala qui a été vice-présidente de l’institution et l’ancien gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.
Le nouveau « super-banquier de l’Afrique » devra toutefois affronter un défi majeur: le président américain Donald Trump prévoit de supprimer la contribution américaine d’un demi-milliard de dollars au guichet concessionnel de la BAD, destiné aux pays à faible revenu du continent.
Mardi, la BAD a également publié son rapport annuel sur l’économie de l’Afrique.
« Sur l’ensemble du continent, la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel a légèrement augmenté, passant de 3% en 2023 à 3,3% en 2024, portée par la vigueur des dépenses publiques et de la consommation privée », note l’institution.
« Depuis janvier 2025, le monde a été confronté à de nouveaux chocs supplémentaires qui ont aggravé un paysage macroéconomique mondial déjà complexe », prévient-elle toutefois, citant notamment les droits de douane imposés par l’administration Trump à de nombreux pays.
Selon la BAD, la croissance du continent africain devrait s’élever à 3,9% en 2025 et 4% en 2026.
Dans le détail, l’Afrique de l’Est devrait être le moteur du continent avec une croissance de 5,9% sur les deux années. L’économie de l’Afrique de l’Ouest devrait quant à elle progresser de 4,3% chaque année, devant l’Afrique du Nord (3,6 et 3,9%) et l’Afrique centrale (3,2 et 3,9%).
Enfin l’Afrique australe reste la région à la plus faible croissance, avec 2,2% et 2,5% prévus pour 2025 et 2026.
Avec AFP