CPI : un chef jihadiste malien condamné à 10 ans d’emprisonnement pour crimes de guerre

Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, dit Al Hassan, condamné à 10 ans d'emprisonnement pour crimes de guerre. © CPI

La Cour pénale internationale (CPI) a condamné mercredi à 10 ans d’emprisonnement un jihadiste, ancien chef de la police islamique de Tombouctou, au Mali, reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, dit Al Hassan, un Malien de 47 ans, avait été déclaré par la CPI, en juin dernier, coupable notamment de torture, mutilation, procès illégaux et persécution religieuse.

Cette peine est « proportionnelle à la gravité des crimes et aux circonstances individuelles ainsi qu’à la culpabilité de M. Al Hassan », a déclaré la juge Kimberly Prost.

« Elle reflète de manière adéquate la forte condamnation de la communauté internationale pour les crimes qu’il a commis et reconnaît le préjudice et les souffrances considérables causés aux victimes », a-t-elle ajouté.

Vêtu d’une robe blanche traditionnelle d’Afrique occidentale et la tête enveloppée d’un turban, Al Hassan a écouté attentivement, les mains croisées sur ses genoux.

Il n’a montré aucune d’émotion après la lecture de la sentence par le juge, avant d’être escorté par les gardes de sécurité de la CPI.

Parmi les crimes auxquels devait répondre Al Hassan figurent: « traitement cruel en tant que crime de guerre » pour avoir flagellé un individu, « mutilation » pour avoir amputé une main, et « torture en tant que crime contre l’humanité et crime de guerre ».

Selon Kimberly Prost, Al Hassan a contribué au régime du groupe jihadiste Ansar Dine, dont les actions ont eu un « effet traumatisant sur la population de Tombouctou », qui « vivait dans une atmosphère de peur, de violence, d’oppression, d’humiliation ».

Al Hassan était membre d’Ansar Dine, qui avait pris le contrôle de Tombouctou pendant près d’un an à partir d’avril 2012.

Durant cette période, des femmes avaient été arrêtées puis violées en détention. Des flagellations avaient eu lieu sur la place centrale devant une foule comprenant des enfants. Un homme accusé de vol avait eu la main amputée à la machette, en public également, en septembre 2012.

Al Hassan a cependant été acquitté des crimes de guerre de viol, d’esclavage sexuel et d’attaques contre des biens protégés, ainsi que du crime contre l’humanité concernant le mariage forcé.

Bien que la CPI, qui siège à La Haye, ait jugé que des crimes de violence sexuelle avaient bien eu lieu au cours de cette période, Al Hassan n’en a pas été reconnu responsable.

– Destruction de sanctuaires –

Sous le joug jihadiste, les destructions se sont multipliées en 2012 et 2013 à Tombouctou, fondée entre le Ve et le XIIe siècles par les tribus touareg et surnommée « la ville des 333 saints » pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés.

Les islamistes d’Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont contrôlé la ville d’avril 2012 jusqu’à sa libération par les forces françaises et maliennes en janvier 2013.

Les islamistes y ont détruit à coups de pioches et de pelles de célèbres mausolées de saints musulmans de Tombouctou, surnommée « la Perle du désert ».

Al Hassan avait été arrêté par les autorités maliennes et livré à la CPI en mars 2018. Il est le deuxième jihadiste malien jugé par la Cour.

En 2016, la CPI avait condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi à neuf ans de prison – avant de réduire sa peine de deux ans en appel en 2021 – pour la destruction des sanctuaires de Tombouctou, un site inscrit par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’Humanité.

Par ailleurs, la CPI a rendu public en juin un mandat d’arrêt contre l’un des principaux chefs jihadistes du Sahel, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis aussi, pour l’essentiel, à Tombouctou.

Cet homme, Iyad Ag Ghaly, dirige le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaïda, qui opère au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

Chef rebelle touareg radicalisé, également connu sous le nom de « Abou Fadl », il avait fondé en 2012 le groupe Ansar Dine.

Avec AFP

 

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