Cote d’Ivoire : Laurent Gbagbo dénonce un quatrième mandat anticonstitutionnel et appelle à la mobilisation démocratique

Cote d’Ivoire : Laurent Gbagbo dénonce un quatrième mandat anticonstitutionnel et appelle à la mobilisation démocratique. © AFP

L’ancien président ivoirien et président du Parti des peuples africains – (PPA-CI), Laurent Gbagbo, a tenu une déclaration solennelle jeudi 18 septembre à Abidjan. Au cours de cette rencontre avec la presse, son porte-parole Habiba Touré, a fait le point sur les consultations politiques qu’il a menées ces derniers jours, à la suite de la décision du Conseil constitutionnel du 8 septembre dernier, qui a validé la candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat et rejeté celles de 55 autres prétendants, dont celles de plusieurs leaders de l’opposition.

Deux options débattues, une voie choisie

Selon Laurent Gbagbo, deux scénarios avaient été envisagés après cette décision jugée « lourde de conséquences » pour la démocratie ivoirienne.

Le premier consistait à « prendre le régime RHDP à son propre piège », en soutenant collectivement l’un des candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Cependant, cette option n’a pas trouvé de consensus :

« Les candidats retenus ne sont pas ceux investis par les grands partis politiques. Il n’y avait ni légitimité, ni unanimité pour une telle démarche », a expliqué l’ancien Chef d’État.

La seconde option, privilégiée par le PPA-CI et ses alliés, est celle de la résistance par des actions démocratiques et pacifiques, afin d’exiger des élections inclusives et le respect de la Constitution.

Une dénonciation ferme du régime RHDP

Laurent Gbagbo a accusé le régime en place, dirigé par le président Alassane Ouattara, de vouloir « transformer la Côte d’Ivoire en un royaume personnel », en contournant les règles constitutionnelles.

« Notre véritable adversaire, ce n’est pas un candidat en particulier, c’est le régime RHDP qui foule aux pieds la Constitution et tente de confisquer la souveraineté populaire », a-t-il martelé.

Pour l’ancien président, l’exclusion massive des candidats de l’opposition prive le peuple de son droit de choisir librement son dirigeant et mine la crédibilité du processus électoral :

« Ce vers quoi on avance aujourd’hui ressemble à tout sauf à une élection inclusive et transparente. La liste électorale est contestable, la Commission électorale décriée, et aucune garantie de transparence n’est offerte », a-t-il dénoncé.

Un appel à la responsabilité et à l’unité nationale

Rappelant les douloureux souvenirs de la crise post-électorale de 2010-2011, Laurent Gbagbo a exhorté Alassane Ouattara à privilégier la paix et à respecter les règles démocratiques.

« Notre dernière confrontation électorale a coûté cher à la Côte d’Ivoire parce que la Constitution n’avait pas été respectée. Aujourd’hui encore, il est de notre responsabilité historique de léguer à ce pays une nation en paix et réconciliée », a-t-il déclaré.

Il a souligné que, suite au décès de l’ancien président Henri Konan Bédié, seuls deux anciens Chefs d’État demeurent en vie : lui-même et Alassane Ouattara. Une situation qui, selon lui, leur impose un devoir particulier envers l’histoire et le peuple ivoirien.

Pas de contestation des institutions, mais un rappel à l’ordre

Laurent Gbagbo a tenu, à travers son porte-parole, à préciser que sa démarche n’était pas de remettre en cause les institutions, mais de leur rappeler leur véritable source de légitimité :

« Les institutions ne tirent pas leur force d’elles-mêmes, mais du peuple. Oublier cela, c’est trahir l’esprit même de la République », a-t-il insisté.

Pour lui, la seule voie de sortie pacifique et durable est de rendre au peuple ivoirien son droit souverain de choisir librement ses dirigeants.

Mobilisation générale pour la démocratie

Laurent Gbagbo a terminé sa déclaration par un appel à la mobilisation pacifique et unitaire de tous les démocrates et patriotes :

« Unis, nous serons plus forts que la peur. Déterminés, plus forts que la répression. Mobilisés, plus forts que toutes les manœuvres », a-t-il lancé.

Il a réaffirmé son engagement à lutter pour une alternance démocratique et contre toute tentative de confiscation du pouvoir, rappelant que :

« Gouverner, ce n’est pas s’éterniser au pouvoir, c’est préparer la paix et respecter la Constitution ».

Cette déclaration marque un tournant dans la campagne politique en Côte d’Ivoire, alors que le pays s’achemine vers une élection présidentielle sous haute tension.

MalikoNews

 

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