Cette sérénité tranche avec les inquiétudes qui avaient germé le 12 septembre dernier.
Ce soir-là, un fort orage avait noyé la pelouse du stade olympique d’Ebimpé, enceinte de 60.000 places construite à grands frais pour la CAN en banlieue d’Abidjan, entraînant l’arrêt d’un match amical Côte d’Ivoire-Mali.
Une « pluie exceptionnelle », selon les autorités, qui avait tout de même débouché sur un remaniement gouvernemental emportant notamment le Premier ministre Patrick Achi et le ministre des Sports Paulin Danho.
Un nouveau chef du gouvernement, également titulaire du portefeuille des Sports, Robert Beugré Mambé, a été depuis missionné pour « organiser la plus belle CAN de l’Histoire ».
Trois mois plus tard, la pelouse d’Ebimpé, qui accueillera dix rencontres, dont le match d’ouverture et la finale le 11 février, semble désormais capable d’absorber l’eau des orages.
« On a tous été perturbés par ce qu’on a vu. Mais les autorités ont pris le problème à bras le corps et la pelouse est totalement remise à niveau. Elle est prête », affirme le président de la Fédération ivoirienne Idriss Diallo, depuis les tribunes du stade… sous une forte pluie, début décembre.
– Héritage –
« La pelouse n’avait pas assez de pente et le sol manquait de perméabilité. On a mis en place des fentes de suintement, nettoyé, re-semé et rattrapé la planimétrie de la pelouse. On a bossé 20 heures sur 24 pendant une semaine. Depuis, on a eu de gros orages et pas une seule flaque », confirme Didier Pascal, le directeur des travaux de l’entreprise Gregori, appelée à la rescousse.
Cinq autres enceintes, construites ou rénovées, à Abidjan, Yamoussoukro (centre), Bouaké (centre), San Pedro (sud) et Korhogo (nord) accueilleront les matches.
« Grâce à nos stades, nous allons devenir un hub pour les équipes de la région qui n’ont pas de terrains homologués. Avant, elles allaient toutes jouer au Maroc, maintenant elles viendront ici », prédit Idriss Diallo.
Comme lors de chaque grand évènement sportif, la question de l’héritage des stades se pose, a fortiori dans un pays où le championnat local n’attire pas les foules.
Les organisateurs espèrent que les équipes de D1 ivoirienne qui jouent presque toutes à Abidjan aujourd’hui auront davantage de spectateurs grâce à des stades plus proches de chez elles.
– « Sereins » –
Avec près d’1,5 milliard de dollars d’investissement au total, la CAN aura également permis d’accélérer certains projets d’infrastructures.
La « côtière », route de 350 km qui relie la capitale économique au grand port de San Pedro a été entièrement refaite, divisant par deux le temps de trajet entre les deux villes et une autre autoroute a été prolongée pour relier Abidjan à Yamoussoukro puis Bouaké, deux villes hôtes. Plusieurs « cités CAN » pour accueillir les équipes sont également sorties de terre.
Compétition internationale de premier plan avec 24 équipes qualifiées, dont le Mali, le Burkina, la Guinée et le Ghana, tous frontaliers de la Côte d’Ivoire, la CAN pourrait brasser jusqu’à 1,5 million de visiteurs, selon les organisateurs.
Un évènement d’une ampleur inédite pour un pays qui n’a accueilli la compétition qu’une fois, en 1984, avec seulement huit nations en lice.
La question de la sécurité fait aussi partie des préoccupations majeures: outre le risque jihadiste dans ce pays frontalier du Mali et du Burkina, le sujet de la gestion des foules est le principal motif d’inquiétude soulevé par plusieurs sources spécialisées.
Il y a deux ans, huit personnes étaient mortes dans une bousculade lors d’un huitième de finale de la CAN au Cameroun.
« Nous allons ouvrir les stades très tôt, discipliner les spectateurs dans des files d’attente pour qu’ils puissent entrer tranquillement. On va demander aux gens de venir tôt », assure à l’AFP Youssouf Kouyaté, le directeur général de la police ivoirienne.
Quelque 17.000 éléments des forces de défense et de sécurité ainsi que 2.500 stadiers seront déployés pour la compétition.
« Ce n’est pas le premier grand évènement que la Côte d’Ivoire doit organiser, nous avons eu les Jeux de la Francophonie (en 2017). Nous sommes sereins », conclut le patron de la police.
Avec AFP