L’opposant camerounais Anicet Ekane, président du parti Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), est décédé lundi 1er décembre en détention à Yaoundé, a annoncé Valentin Dongmo, vice-président du parti.
Âgé de 74 ans, l’opposant avait été arrêté le 24 octobre dernier à Douala, à la veille de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, dans laquelle le président Paul Biya a été reconduit pour un huitième mandat, un scrutin contesté notamment par l’opposition.
Une détention controversée et des alertes sanitaires ignorées
Après son arrestation à Douala, Ekane avait été transféré au très sensible Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé, où son état de santé s’est, selon son parti, rapidement dégradé.
Le parti et ses proches affirmaient avoir multiplié les demandes de transfert vers un hôpital équipé, en vain, malgré ses graves problèmes respiratoires. Certains dénoncent même une privation d’oxygène (un appareil vital aurait été confisqué) et parlent d’“abandon” en détention.
Réactions : choc, indignation et appel à la justice
La mort d’Anicet Ekane a suscité une onde de choc au Cameroun et au-delà. De nombreuses voix, notamment de la société civile, condamnent ce décès en détention comme un “drame politique” et un “délit grave des droits de l’homme”.
Son parti, le Manidem, exige que toute la lumière soit faite sur les circonstances de son décès, et que les responsables, selon eux, d’une violation flagrante des droits humains soient poursuivis.
Le gouvernement, de son côté, a reconnu le décès, évoquant une “maladie” et affirmant qu’Anicet Ekane aurait reçu des soins. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes de sa mort.
Un parcours militant et une longue carrière d’opposant
Anicet Ekane, militant de longue date de la gauche nationaliste camerounaise, avait fondé le parti Manidem en 1995 après avoir milité parmi les rangs de l’ancienne opposition historique.
Durant près de cinq décennies, il s’était imposé comme une voix critique du régime, un engagement qui, selon ses partisans, l’a conduit à payer le prix fort.


