Bamako : Mesure salutaire du gouvernement pour éliminer les constructions douteuses et libérer les collecteurs d’eau

Ville de Bamako. © DR

Le 14 mars 2025, lors d’un point de presse animé par la Direction nationale de l’urbanisme et de l’habitat, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a annoncé une décision forte visant à éradiquer définitivement les inondations dévastatrices qui frappent régulièrement notre capitale. À partir de cette année, une mesure radicale sera mise en œuvre : les habitations situées dans les zones sensibles, notamment autour des onze marigots de Bamako, seront démolies avant l’hivernage prochain. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une politique de préservation des infrastructures et de la sécurité des citoyens face aux aléas climatiques qui menacent Bamako chaque année.

Le Drame des Cités SOMAPIM et CAN 2002 : Une situation urgente

Depuis plus d’une décennie, les cités SOMAPIM et CAN 2002, situées dans la commune 1 de Bamako, sont les principales victimes des inondations récurrentes. Ces quartiers, jadis dynamiques, sont désormais pris au piège de l’inefficacité des politiques de gestion des eaux et de l’urbanisation non régulée. Les fortes pluies des dernières années ont provoqué des dégâts considérables, endommageant les maisons et causant d’importants désagréments aux habitants. Ce phénomène, loin d’être accidentel, trouve son origine dans l’occupation illicite du collecteur d’eau Molobalini, un axe vital pour le drainage des eaux pluviales de la ville.

Le collecteur Molobalini, autrefois essentiel pour l’évacuation des eaux, a été dévié et obstrué par des constructions illégales, principalement érigées par des entrepreneurs peu scrupuleux. Ces blocages ont entraîné une accumulation d’eau dans les rues, provoquant des inondations massives chaque année. Pire encore, des constructions comme celle d’un mur en béton par un entrepreneur de la place, dans le but de protéger ses bâtiments, ont exacerbé la situation, poussant les eaux vers des zones résidentielles déjà vulnérables. Les habitants des deux cités expriment leur exaspération face à l’inaction des autorités urbaines, qui, malgré de nombreuses plaintes, n’ont pas pris les mesures nécessaires pour mettre fin à ces occupations illégales.

La Réaction du Président Assimi Goïta : Une Stratégie de démolition et de préservation

Face à cette situation de plus en plus alarmante, le Général d’Armée Assimi Goïta a choisi d’agir fermement pour éviter que d’autres drames ne se reproduisent. Les mesures annoncées visent à démolir toutes les constructions illicites qui bloquent les collecteurs d’eau et à rétablir un écoulement fluide et naturel des eaux pluviales. Cette intervention vise à protéger les citoyens et à éviter de nouveaux dommages matériels. En parallèle, une commission nationale sera mise en place pour superviser la démolition des constructions et veiller au rétablissement des infrastructures essentielles.

Au-delà de ces mesures immédiates, les autorités maliennes doivent également élaborer une stratégie de gestion durable du réseau d’évacuation des eaux. Les experts s’accordent à dire que, pour éviter de nouvelles inondations à l’avenir, il est crucial de renforcer la réglementation en matière d’urbanisme, d’améliorer la supervision des projets de construction et d’impliquer les habitants dans la gestion de l’environnement urbain.

La Nécessité d’une urbanisation responsable

Le cas des cités SOMAPRIM et CAN 2002 met en lumière une problématique plus large à laquelle Bamako est confrontée : l’urbanisation non régulée et l’occupation illégale de terrains. Ces pratiques, souvent motivées par la recherche du profit à court terme, aggravent la vulnérabilité des quartiers face aux inondations et à d’autres risques liés au changement climatique. L’absence de contrôles rigoureux sur l’utilisation des sols a permis à des constructions illégales d’envahir les zones sensibles, notamment autour des collecteurs d’eau, qui sont primordiaux pour la gestion des eaux pluviales.

Ainsi, la démolition des maisons et la régularisation des zones de drainage se révèlent comme des solutions indispensables pour réduire les risques d’inondations. Toutefois, ces mesures doivent être accompagnées d’une réflexion plus large sur le développement durable de Bamako. L’urbanisation doit répondre aux besoins de la population sans compromettre la sécurité des infrastructures et l’équilibre écologique de la ville.

Un avertissement et un espoir

La décision du Président Assimi Goïta incarne un geste de grande responsabilité, répondant avec sagesse aux urgences climatiques, tout en envoyant un message fort sur la nécessité d’une gouvernance urbaine plus visionnaire et préventive. Les autorités doivent, dès maintenant, tirer des leçons de cette crise pour éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent à l’avenir. La gestion de l’urbanisation, la préservation des collecteurs et la régulation des constructions sont des priorités qui ne peuvent plus être retardées.

En fin de compte, la ville de Bamako se trouve à un carrefour crucial. Si les mesures prises par les autorités peuvent permettre d’éviter les inondations cette année, elles doivent être suivies d’une réflexion globale sur l’avenir de l’urbanisation et de l’aménagement du territoire dans la capitale malienne. C’est seulement à ce prix que Bamako pourra espérer se prémunir efficacement contre les défis climatiques de demain.

 

Manda CISSE

 

Auteur/Autrice

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