Dans un second communiqué bien plus virulent que le premier, Alger envenime davantage ses relations diplomatiques avec Bamako. La diplomatie malienne accuse ouvertement l’Algérie d’avoir provoqué un incident grave, à savoir la destruction d’un drone malien par les forces de défense algériennes à la frontière.
Ce différend s’inscrit dans le cadre d’une relation historique longue et complexe entre deux pays autrefois considérés comme frères. Depuis son indépendance en 1960, le Mali a soutenu les mouvements de libération africains. En accueillant le front sud des indépendantistes algériens, dirigé par Abdelaziz Bouteflika, surnommé « Abdelaziz Mali ». Bamako avait choisi de sacrifier ses liens avec la France pour appuyer la cause algérienne. Après l’indépendance, l’Algérie voyait le Mali comme un prolongement naturel de sa politique régionale.
Alliance effritée
Pourtant, cette alliance s’est effritée au fil des années. Le changement de régime à Bamako a marqué un tournant majeur. Les nouvelles autorités ont dénoncé les accords conclus à Alger, mis fin à la présence des forces internationales Minusma et Barkhane, puis lancé une opération militaire pour reconquérir Kidal. En réaction, Alger a durci sa posture, allant jusqu’à accueillir des représentants de la rébellion malienne et soutenir certaines de leurs actions, provoquant l’ire des autorités maliennes.
Guerre froide et paix fragile
C’est dans ce contexte déjà tendu, oscillant entre guerre froide et paix fragile, qu’un drone de surveillance malien a été abattu à la frontière. Face à cette escalade, le Mali a choisi la voie juridique, saisissant une instance judiciaire internationale pour résoudre le différend. Cette démarche, d’abord niée avec véhémence par le ministre algérien des Affaires étrangères, a finalement été reconnue aujourd’hui, bien que ce dernier ait qualifié les autorités maliennes de manquer de sérieux.
Nervosité algérienne
Cette nervosité algérienne soulève de nombreuses questions, notamment sur les motivations profondes de cette action. Cette plainte pourrait-elle entraîner des sanctions ou des répercussions diplomatiques majeures ? Les observateurs s’inquiètent de l’impact potentiel de ce différend sur la stabilité régionale.
Alors que Bamako et Alger se préparent à défendre leurs positions devant la Cour internationale de justice, les peuples des deux nations, les membres de l’Alliance des États du Sahel ainsi que la communauté internationale attendent avec attention le verdict et ses conséquences sur la paix et la sécurité dans cette région sensible.
Manda Cissé