Prix des aliments qui explosent, économies qui fondent: pour la population, les promesses électorales pour sortir le Ghana d’une grave crise économique feront pencher la balance lors du scrutin présidentiel du 7 décembre.
Le second mandat de l’actuel président Nana Akufo-Addo a été marqué par une des pires crises économiques de l’histoire ghanéenne, qui a contraint ce pays de 33 millions d’habitants à faire défaut sur sa dette extérieure et à conclure un plan d’aide de 3 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI).
Le Ghana a renégocié sa dette, faisant chuter la valeur des obligations d’Etat, et ruinant des petits épargnants.
« J’ai travaillé toute ma vie et j’ai économisé pour mes vieux jours, mais aujourd’hui, tout a pratiquement disparu », se lamente Richard Tagoe, professeur à la retraite, âgé de 82 ans. « Comment pouvons-nous faire confiance au gouvernement après cela ? »
« Il faudra du temps pour rétablir la confiance du public envers les obligations d’Etat », estime Courage Boti, économiste financier à la banque d’investissement GCB Capital. « La restructuration était nécessaire pour créer de la marge budgétaire, mais les dégâts sur la confiance sont profonds ».
Producteur d’or, de cacao et de pétrole, le Ghana est considéré comme un modèle de stabilité politique en Afrique de l’Ouest, et fut l’un des pays préférés des investisseurs sur le continent avant la crise en 2022.
L’inflation a atteint un pic de 54,1% en 2022, avant de redescendre à 23,2% fin 2023, et de nombreux Ghanéens continuent de souffrir quotidiennement de la hausse généralisée des prix.
« Le prix des oignons a triplé et les clients passent sans acheter », explique Ama Asante, une vendeuse de légumes dans un marché animé du quartier de Kaneshie, en banlieue d’Accra, la capitale.
« Je voterai pour celui qui peut améliorer la vie. Nous avons assez souffert », annonce Serwaa, un commerçant.
A quelques jours de la présidentielle, Mahamudu Bawumia continue de vanter ses expériences politiques passées et de son expertise dans la transformation numérique au bénéfice de l’économie, afin d’offrir au parti au pouvoir un troisième mandat d’affilée à la tête du pays.
Mais il a eu du mal à se démarquer du bilan du gouvernement, en tant que responsable de l’équipe de gestion économique du président Akufo-Addo.
« Le NPP ne peut se soustraire à la responsabilité des difficultés que traverse le Ghana », tacle Mustapha Gbande, secrétaire général adjoint du NDC, le parti d’opposition.
Plusieurs sondages donnent l’opposant John Mahama gagnant, en raison du mécontentement des électeurs à l’égard de la gestion de la crise par le NPP.
Pour Daniel Amateye Anim-Prempeh, économiste à la Policy Initiative for Economic Development, « le coût élevé des biens et des services continue de peser sur les ménages ». « Les électeurs en tiendront compte dans leurs décisions », juge-t-il.
M. Bawumia met en avant la reprise économique, avec un rebond de la croissance à 5,8% au premier semestre 2024. Mais sur l’ensemble de l’année, les prévisions de croissance ne dépassent pas le chiffre modeste 3,4%, et le taux de chômage reste élevé.
Le ratio dette/PIB se monte à 84%, un chiffre élevé pour ce pays pauvre. Le FMI prévoit cependant une forte réduction, à 55% d’ici 2028.
Le leader de l’opposition John Mahama s’est engagé à renégocier certains aspects de l’accord avec le FMI, pour mettre l’accent sur l’emploi des jeunes, l’agriculture et les infrastructures.
Avec AFP