Le parquet fédéral belge a indiqué mardi avoir requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles de l’ancien diplomate belge Etienne Davignon, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat en 1961 de Patrice Lumumba, héros de l’indépendance congolaise.
« On a demandé le renvoi, on verra ce que décide la chambre du conseil », la juridiction chargée du contrôle de l’instruction en Belgique, a déclaré à l’AFP une porte-parole du parquet, Ann Lukowiak.
Premier Premier ministre de l’ancien Congo belge devenu indépendant le 30 juin 1960, Patrice Lumumba a été renversé dès la mi-septembre 1960 par un coup d’Etat.
Il a été exécuté le 17 janvier 1961 avec deux frères d’armes, Maurice Mpolo et Joseph Okito, par des séparatistes de la région du Katanga (sud), avec l’appui de mercenaires belges. Il avait 35 ans. Son corps, dissous dans l’acide, n’a jamais été retrouvé.
Etienne Davignon, 92 ans, est le seul encore en vie parmi les dix suspects ciblés dans la plainte pour « crimes de guerre » déposée en 2011 par les enfants Lumumba à Bruxelles, capitale de l’ex puissance coloniale au Congo (devenu la République démocratique du Congo).
L’instruction ouverte à la suite de cette plainte est désormais close. Une audience en chambre du conseil permettant à la défense de faire valoir ses arguments a été fixée au 20 janvier 2026.
Dans son réquisitoire, le parquet estime que M. Davignon, diplomate stagiaire aux Affaires étrangères au moment de l’indépendance en 1960, était aux premières loges pour avoir eu connaissance du projet d’arrestation de Patrice Lumumba.
Le renvoi en procès est demandé pour « détention et transfert illicite » d’un prisonnier de guerre, ainsi que pour l’avoir privé du droit à un procès équitable et lui avoir infligé « des traitements humiliants et dégradants ».
L’intention de tuer n’a pas été retenue, le non-lieu est demandé sur cet aspect, a précisé Mme Lukowiak.
Dans le cadre de l’instruction en Belgique, la justice avait mis la main en 2016 sur une dent de Patrice Lumumba, qui avait été restituée à la RDC dans un cercueil, en juin 2022, lors d’une cérémonie officielle à Bruxelles.
Cette dent avait été saisie chez la fille d’un policier belge ayant participé à la disparition du corps, après l’assassinat de 1961.
En 2022, lors de la restitution, le Premier ministre belge de l’époque Alexander De Croo avait renouvelé les « excuses » déjà formulées par le gouvernement belge en 2002 pour sa « responsabilité morale » dans cette disparition.
La plainte de la famille Lumumba ciblait de son côté la participation de « diverses administrations belges » à « un vaste complot en vue l’élimination politique et physique » du dirigeant congolais.
Avec AFP