Arrestation de plusieurs dirigeants des partis signataires de la déclaration du 31 mars : Une controverse en plein contexte de crise énergétique

Palais de justice de Bamako. Photo d'illustration. © DR

En plein cœur d’une croisade contre les forces djihadistes qui handicape fortement notre pays, la suspension de toutes les activités politiques, décrétée par les autorités de la transition visent à maintenir l’unité nationale en évitant au pays de plonger dans une nouvelle agitation.

La semaine dernière, les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation au domicile de Moustaph Dicko du parti Adema Pasj, de plusieurs dirigeants et figures de l’opposition malienne, alimentant ainsi une nouvelle polémique sur la légitimité de cette action en période de transition.

Arrestations controversées

Les personnes arrêtées, connues pour leur critique des autorités actuelles, sont accusées d’avoir transgressé l’interdiction en tenant un regroupement à caractère politique durant la période actuelle.
Parmi elles, Moustaph Dicko, Tiemoko Sangaré, Me Bathily pour ne citer que ceux-là ont été appréhendés par les forces de l’ordre, donnant lieu à des protestations et condamnations dont celle de Konimba Sidibé un autre homme politique .

En pleine guerre contre l’insécurité généralisée dans l’espace AES, les autorités de la transition du Mali ont justifié la suspension des activités politiques par la nécessité de concentrer les énergies sur l’unité nationale et la cohésion sociale afin de minimiser les risques de division interne.

Cependant, ces arrestations ont soulevé une vive inquiétude parmi les partisans des droits civils qui y voient une tentative de museler les voix dissidentes sous couvert de sécurité nationale.

Réactions et Indignations

Les arrestations ont immédiatement provoqué des réactions vives surtout sur les réseaux sociaux. RFI, comme à l’accoutumée, a rapidement condamné ces arrestations en appelant d’abord à la libération immédiate des détenus puis en ouvrant son antenne aux détracteurs classiques de la transition malienne.

Si le recours à la suspension des activités politiques peut trouver sa justification en cette période d’insécurité, cela ne doit pas être perçu par les observateurs comme prétexte pour éliminer les opposants politiques et étouffer la liberté d’expression.

Les arguments glanés par-ci par-là, face à la tempête de critiques, défendent une nécessité de maintenir l’ordre et de prévenir toute forme de dissension qui pourrait affaiblir de nouveau le moral national. Selon ces personnes, il était de notoriété publique que les dirigeants politiques interpellés entretenaient des actions et communications susceptibles de compromettre la sécurité nationale et d’encourager une instabilité interne.
D’où cette déclaration d’un observateur qui a voulu garder l’anonymat: «Nous sommes dans une situation d’insécurité sans précédent. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises par les autorités pour sécuriser notre pays. Cela inclut d’empêcher toute action susceptible de saper la cohésion nationale indispensable dans notre lutte collective contre les ennemis du Mali.»

Impact sur l’opinion publique


Il est difficile, à l’heure actuelle, de mesurer l’impact immédiat de ces arrestations. Bien que beaucoup de Maliens voient dans ces mesures une protection légitime contre une menace croissante, d’autres y perçoivent une dérive autoritaire potentiellement dangereuse.

Pour le moment, aucune manifestation n’a eu lieu, alors que certains militants des partis politiques auxquels appartiennent ces détenus montrent leur opposition à travers des communiqués face à ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à la liberté d’expression et de mouvement.

Une croisée des chemins pour le Mali


En ces temps de turbulence, la gestion de l’arrestation des opposants politiques marque un tournant potentiellement décisif pour les autorités par rapport à l’avenir de la démocratie dans notre pays. Tandis que des difficultés de tous ordres continuent d’apparaître, d’infliger des souffrances incommensurables à la population, le débat sur la nécessité de telles mesures reste vif et hautement controversé au Mali.

À mesure que les yeux du monde se tournent vers notre pays, il reste à voir comment les autorités de la transition navigueront dans cette délicate balance entre impératif sécuritaire et respect des libertés fondamentales.

Amadou Diouf
Ontario – Canada

Auteur/Autrice

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