Le regain de popularité dont a bénéficié le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pendant la récente guerre contre l’Iran s’estompe à un moment où la pression monte en Israël pour mettre fin au conflit à Gaza.
M. Netanyahu a revendiqué la victoire sur la République islamique dans la guerre de 12 jours qui s’est achevée par un cessez-le-feu la semaine dernière, après les bombardements de trois sites nucléaires par les Etats-Unis ordonnés par le président Donald Trump en soutien à l’allié israélien.
« Le monde s’est réveillé dans une nouvelle ère, où le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël semble effectivement tenir et où l’Iran revient à la table des négociations. Cela marque la victoire de Trump et de Netanyahu », écrit Assaf Meydani, chercheur en sciences politiques, dans une tribune publiée samedi sur le site Ynet.
« Parallèlement, Netanyahu va devoir répondre d’une série d’échecs et notamment celui de ne pas avoir mis fin à la campagne militaire à Gaza », en représailles à l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, ajoute-t-il.
« Le Hamas, bien qu’affaibli, n’a pas été anéanti, et la guerre s’est transformée en une guerre d’usure (…). Le peuple d’Israël est fort, mais les tensions sont vives », dit-il.
La cote de popularité du Premier ministre était remontée de plusieurs points dans un sondage publié au lendemain du cessez-le feu avec l’Iran le 24 juin, mais 52% des personnes interrogées souhaitaient la fin de son mandat, contre 24% estimant qu’il devait rester en poste.
Près de deux tiers des sondés se prononçaient par ailleurs en faveur de la fin de la guerre à Gaza, contre 22% pour une poursuite des combats dans le territoire palestinien, selon cette étude de la chaine publique Kan 11.
– Rival politique –
Lors d’une des premières manifestations depuis la fin de la guerre avec l’Iran, des milliers de personnes ont exigé samedi soir un accord de cessez-le-feu permettant le retour des otages toujours retenus à Gaza.
« J’en appelle au Premier ministre Netanyahu et au président Trump », a lancé dans la manifestation Liri Albag, ex-otage libérée en janvier dans le cadre d’une trêve entre le Hamas et Israël. « Vous avez pris des décisions courageuses sur l’Iran. Prenez-en une tout aussi courageuse pour arrêter la guerre à Gaza et pour ramener (les otages) chez eux », a-t-elle dit.
Pour la première fois depuis le début de la guerre le 7-Octobre, Naftali Bennett, ancien Premier ministre et rival de Benjamin Netanyahu, a accordé un entretien à la presse israélienne.
« Face à l’incapacité du gouvernement à trancher, à la stagnation terrible et à la confusion au niveau politique, je propose maintenant de conclure un accord global comprenant la libération de tous les otages », a dit M. Bennett à la chaîne 12.
« Netanyahu doit quitter ses fonctions. Il est au pouvoir depuis 20 ans, c’est bien trop long, tout le monde est d’accord là-dessus. Il doit rentrer chez lui. Le peuple veut du renouveau, il veut la paix », a ajouté l’ancien dirigeant, qui ne cache pas son intention de se présenter aux prochaines élections, prévues fin 2026.
– « Pas oubliés » –
Figure de proue du mouvement pour la libération des otages, Gil Dickman, cousin de Carmel Gat, une otage tuée en captivité et dont le corps a été ramené en Israël fin août 2024, reconnaît que « l’opération en Iran était une réussite ».
Mais selon lui, Benjamin Netanyahu n’a pas réussi à « faire oublier sa responsabilité » dans l’attaque sans précédent du 7-Octobre. « Les échecs terribles et l’abandon des otages ne seront pas oubliés », insiste-t-il auprès de l’AFP.
Se disant d’un « optimisme mesuré », M. Dickman estime qu’il y a « apparemment une opportunité de mettre fin à la guerre », à en croire de récentes déclarations de Donald Trump.
M. Netanyahu « est en train de négocier un accord avec le Hamas, ce qui inclura la libération des otages », avait écrit samedi le président américain sur sa plateforme Truth Social.
« On n’a pas pu sauver ma cousine, mais on peut encore sauver ceux qui sont toujours en vie à Gaza », espère Gil Dickman.
Avec AFP