À l’ONU, la Commission de l’Union Africaine promet d’éviter l’isolement des pays de l’AES

À l’ONU, la Commission de l'union Africaine promet d’éviter l’isolement des pays de l’AES. © Ministère des affaires étrangères du Burkina

Les ministres sahéliens rencontrent le président de la Commission africaine dans le cadre de la médiation angolaise pour renouer le dialogue après des mois de tensions.

Deux mois après la désignation du Burundais Évariste Ndayishimiye comme Envoyé spécial de l’UA pour le Sahel, les ministres des Affaires étrangères de la Confédération AES ont rencontré lundi le président de la Commission africaine pour relancer concrètement leur coopération.

Cette rencontre du 22 septembre en marge de la 80e Assemblée générale des Nations Unies marque un tournant dans les relations entre l’Union Africaine et l’AES, « après une période marquée par des incompréhensions et un déficit de dialogue », selon un communiqué officiel relaté par le ministère burkinabé des Affaires étrangères. Elle s’inscrit dans la dynamique de la médiation initiée en juillet par le président de l’UA João Lourenço avec la nomination du président burundais comme médiateur pour renouer avec les pays sahéliens.

Concrétisation de la médiation angolaise

Les ministres Abdoulaye Diop (Mali), Bakary Yaou Sangaré (Niger) et Karamoko Jean Marie Traoré (Burkina Faso) ont exprimé « dans une parfaite convergence de vue » leurs attentes face à la crise sécuritaire sahélienne lors de l’entretien avec Mahmoud Ali Youssouf. Cette rencontre au siège de l’ONU constitue une étape importante de la dynamique de rapprochement initiée par l’Angola avec les pays de l’AES, suspendus de l’UA après des coups d’État, mais confrontés à une urgence sécuritaire majeure.

La désignation d’Évariste Ndayishimiye en juillet dernier s’inscrit dans cette médiation angolaise plus large. João Lourenço s’était déjà entretenu le 4 juillet par téléphone avec le général Abdourahamane Tiani, président du CNSP du Niger, faisant suite à la mission de son ministre des Affaires étrangères Tete António, qui avait visité en juin les capitales sahéliennes. Ce dernier avait alors souligné que la situation constitue une « véritable urgence continentale » nécessitant une mobilisation africaine collective.

« Sortir du narratif » anti-sahélien

Les trois ministres ont insisté sur la nécessité pour l’UA « d’être à l’écoute et de prendre ses décisions en tenant compte des réalités qui prévalent dans l’espace AES, plutôt que de s’en tenir uniquement à des principes abstraits ». Ils ont salué la nouvelle approche du président Youssouf, notamment l’envoi de missions permettant aux représentants africains de « s’immerger dans la réalité des pays de l’AES ».

« Il faut nécessairement corriger les erreurs d’appréciation à travers une immersion dans notre environnement, une proximité entre les décideurs et le terrain, et sortir du narratif porté par des personnes qui ne sont pas en contact avec nous », a déclaré le ministre burkinabè Karamoko Jean Marie Traoré.

Évoquant la lutte antiterroriste, il a ajouté : « Avec le terrorisme, c’est toute l’Afrique qui est concernée, pas seulement le Sahel. On ne saurait parler de terrorisme sans les pays de l’AES ; même suspendus, on ne doit pas parler de nous sans nous. »

Architecture diplomatique renforcée

Le mandat confié à Ndayishimiye consiste à « intensifier les contacts avec les autorités de transition, les acteurs régionaux, la société civile et les partenaires internationaux pour favoriser le dialogue, construire un consensus et promouvoir des stratégies globales vers une paix durable ». Sa nomination vient renforcer celle récente de Mamadou Tangara comme Représentant spécial de la Commission de l’UA au Mali et au Sahel, basé à Bamako.

Cette architecture diplomatique répond aux critiques des États de l’AES, qui dénoncent leur marginalisation, notamment lors de l’exclusion du Niger d’un sommet de l’UA en 2025 sous la présidence de Moussa Faki Mahamat, désormais remplacé par Mahmoud Ali Youssouf.

Promesse d’éviter « tout isolement »

Le président de la Commission de l’UA a « pris bonne note » des préoccupations exprimées, et reconnu « la nécessité d’adapter les textes de l’organisation aux réalités propres à chaque État membre ».

Il a assuré que « sous son mandat, il veillera à éviter tout isolement des États de l’AES ».

Mahmoud Ali Youssouf a également salué « la reprise de la coopération entre l’AES et la CEDEAO », qu’il considère comme « une étape importante vers le rétablissement des liens entre l’Union Africaine et la Confédération AES ».
« La Commission que je préside continuera à soutenir et conseiller l’AES, mais aussi à prendre en compte ses critiques. Nous allons avancer ensemble », a-t-il affirmé.

Cette séquence diplomatique – nomination de l’envoyé spécial en juillet, dialogue au sommet en septembre – illustre la volonté de l’Angola de concilier la suspension institutionnelle des États de l’AES avec la nécessité pragmatique de dialoguer face à la recrudescence des violences terroristes. Une diplomatie active qui témoigne de l’ambition angolaise de s’imposer comme médiateur continental, après avoir contribué récemment à l’accord de paix Rwanda-RDC de juin 2025.

Avec Apanews

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