Dénonçant une « attaque ignoble » visant « l’une des locomotives de l’industrie de défense turque », le président Recep Tayyip Erdogan a promis de « briser ceux qui tendent des mains sales à la Turquie ».
« Aucune structure, aucune organisation terroriste, aucun foyer malfaisant visant notre sécurité ne pourra atteindre ses objectifs. Notre lutte contre toutes les menaces terroristes se poursuivra avec détermination » a-t-il ajouté sur X.
Le chef de l’Etat, qui se trouvait à Kazan, en Russie, avait annoncé le bilan de « quatre martyrs et quatorze blessés ». A ses côtés, son homologue russe Vladimir Poutine lui a exprimé ses condoléances et a « condamné tout acte de ce genre, quelles que soient ses motivations ».
Selon le ministre de l’Intérieur turc Ali Yerlikaya, « trois des blessés se trouvent dans un état critique ».
Le terme « martyr » est généralement utilisé pour annoncer la mort de soldats et ou celle de victimes d’actes violents.
L’opération n’a pas encore été revendiquée.
Le ministère de la Justice a annoncé l’ouverture d’une enquête.
La chaine de télévision privée NTV a évoqué une attaque suicide qui n’a pas été confirmée, assurant qu’un « groupe de terroristes » avait fait irruption devant l’entrée des bâtiments avant que l’un d’eux se fasse « exploser ».
L’explosion, selon les médias, a été suivie d’échanges de tirs pendant plus d’une heure.
– fusil d’assaut-
Le journal Sabah a publié sur son compte X une photo issue des caméras de surveillance à l’entrée du bâtiment visé, montrant un jeune homme entièrement vêtu de noir, portant un sac à dos et apparemment muni d’un fusil d’assaut avec la mention: « Voici un des terroristes qui ont attaqué #TUSAŞ ».
Des images télévisées ont montré d’importants flammes suivies d’une fumée blanche devant l’entrée du site, avant de devoir renoncer au direct sur ordre de la RTürk, l’organe de régulation des radios et télévisions turques.
De nombreuses condamnations ont afflué de la part des soutiens d’Ankara, dont celle de Mark Rutte, secrétaire général de l’Otan, dont la Turquie est membre, qui a indiqué « se tenir au côté de notre allié, la Turquie ».
De même la délégation européenne dans le pays s’est dite « très choquée et attristée », ainsi le ministère allemand des Affaires étrangères et les ambassades de France et des Etats-Unis en Turquie.
Au plan intérieur, le chef de l’opposition turque, Özgür Özel, président du CHP, a condamné « l’attaque terroriste » en précisant « condamner le terrorisme, peu importe de qui et d’où il vient ».
– « dialogue » –
Condamnant lui aussi l’opération, le principal parti pro-kurde, le Dem (ex-HDP), troisième force au parlement, a surtout jugé « significatif » qu’elle survienne « alors que la société turque discute de solutions pour que la possibilité d’un dialogue émerge » avec les combattants kurdes.
Mardi, le président du MHP (nationaliste) Devlet Bahçeli, principal allié du parti AKP de M. Erdogan, a invité le chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan, en prison depuis 1999, à s’exprimer devant le Parlement pour annoncer la dissolution de son parti, considéré comme un mouvement « terroriste » par Ankara et ses alliés.
Le PKK en lutte armée contre le gouvernement, avait perpétré une attaque à Ankara devant un commissariat de police en octobre 2023, qui avait fait deux morts (les assaillants) et blessé deux policiers.
Le secteur de la défense de la Turquie, dont les célèbres drones Bayraktar, a représenté près de 80% des revenus à l’exportation du pays et 10,2 milliards de dollars pour l’année 2023. Sur les huit premiers mois de 2024, les revenus d’exportation des industries de défense ont atteint 3,7 milliards de dollars, en hausse de 9,8% comparé à la même période l’an dernier.
Un important salon des industries de défense et aérospatiales se tient cette semaine à Istanbul, en présence du PDG des Industries de Défense, auquel s’est rendu notamment le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga.
Avec AFP