Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le choix de la continuité pour la Mauritanie

Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le choix de la continuité pour la Mauritanie. © UA

Lorsqu’il s’avance sur scène, en plein meeting électoral, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, en tunique traditionnelle, arbore un air ferme et déterminé face à ses soutiens.

Grand favori de la présidentielle de samedi, le chef de l’Etat sortant, crâne rasé, lunettes sans monture et silhouette ascétique, promet une victoire « éclatante » à ses supporteurs.

Ses affiches présentent ce militaire de carrière de 67 ans comme « le choix sûr », dans un pays qui n’a pas connu d’attaque sur son sol depuis 2011 alors que la violence jihadiste s’est propagée ailleurs au Sahel.

M. Ghazouani est volontiers considéré comme le cerveau de cette réussite sécuritaire, autrefois comme chef d’état-major et directeur de la Sûreté nationale, depuis 2019 comme président.

A Nouakchott et dans tout le pays, son portrait s’affiche partout, sur des murs décatis, des carrosseries de voiture, des tee-shirts. Une omniprésence qui contraste avec la faible visibilité de ses adversaires.

Ses soutiens louent son « sens du consensus » et « sa vision » qui ont permis selon eux de pacifier l’espace politique.

Au cours d’un premier mandat entravé par l’épidémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, il a fait du social l’une de ses priorités. Son porte-parole cite des aides qui ont bénéficié à 1,5 millions de Mauritaniens pauvres, la construction et la distribution de milliers de logements sociaux et la couverture par l’assurance-maladie de plus de 100.000 personnes.

« Nous devons tous être d’accord pour donner la priorité aux couches les plus vulnérables », a-t-il dit lors d’un rare entretien accordé à l’AFP.

S’il est réélu, il promet d’améliorer la situation des jeunes, de créer les conditions de l’émergence économique et de maintenir la stabilité sécuritaire.

Il a annoncé pendant sa campagne vouloir « résoudre définitivement » la question de l’indemnisation des victimes des violences intercommunautaires de 1989-91, dans lesquelles des centaines de négro-mauritaniens sont morts. Un geste salué par son électorat noir, qui accuse les Maures de détenir la majorité des pouvoirs.

– La rupture avec Aziz –

Ce n’est pas le travail qui manque, a-t-il dit à l’AFP, « ce qui va peut-être nous manquer, c’est le temps pour le faire et le faire mieux ».

Issu d’une lignée maraboutique et d’une puissante confrérie musulmane soufie, père de trois garçons et trois filles, il appartient à la tribu des Ideiboussat, connue à la fois pour sa richesse, sa discrétion et son influence.

Son porte-parole, Abdallahi Kebd, salue « sa forte capacité d’écoute et son mélange de patience vigilante et de calme résolution ». Ses détracteurs le disent hésitant et lui reprochent de ne pas aller assez vite dans ses réformes.

Président en exercice de l’Union africaine, M. Ghazouani a noué de bonnes relations avec la France et l’Union européenne. Mais il a aussi veillé à se concilier les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali, Burkina et Niger et se sont détournés de la France au profit de la Russie.

Il a affirmé auprès de l’AFP la nécessité de discuter avec les juntes. En revanche, il se dit hostile au dialogue avec les jihadistes.

Ancien directeur général de la Sûreté nationale, poste stratégique qui a permis à ce spécialiste du renseignement militaire de développer ses réseaux, il est devenu chef d’état-major peu avant le coup d’Etat de 2008 qui a porté au pouvoir son prédécesseur Mohamed Ould Abdel Aziz.

Il occupe ces fonctions jusqu’à son départ de l’armée en octobre 2018, avant un passage de novembre 2018 à mars 2019 au gouvernement comme ministre de la Défense du président Aziz.

M. Aziz désigne comme son dauphin celui qui est l’un de ses plus anciens et proches compagnons de route. M. Ghazouani remporte en 2019 la présidentielle dès le premier tour avec 52% des voix. C’est la première transition entre deux présidents élus depuis l’indépendance vis-à-vis de la France.

En 2020, l’ancien président Aziz tombe en disgrâce. Il est aujourd’hui en prison après sa condamnation pour enrichissement illicite. Il a accusé son successeur et ancien ami de l’avoir trahi. M. Ghazouani se défend de toute ingérence dans les affaires judiciaires.

Avec AFP

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