Soupçons de corruption au Gabon: Pascaline Bongo et une entreprise française jugées à Paris début 2024

Pascaline Bongo, fille aînée du défunt président Omar Bongo, sera jugée début 2024 à Paris. DR

Un procès en France pour un membre de la famille Bongo: Pascaline, fille aînée du défunt président Omar, sera jugée début 2024 à Paris, avec une filiale du groupe français de construction Egis, ainsi que cinq autres personnes, pour des soupçons de corruption en lien avec des marchés publics au Gabon en 2010 et 2011.

Ce procès, révélé par Libération, se tiendra du 29 janvier au 1er février 2024, a confirmé vendredi à l’AFP une source judiciaire.

Pascaline Bongo, qui a été directrice de cabinet de son père jusqu’à sa mort en 2009 puis a travaillé auprès de son frère Ali Bongo devenu chef d’Etat du Gabon, est soupçonnée d’avoir accepté d’intervenir en faveur d’Egis Route pour l’attribution de marchés publics contre la promesse de 8 millions d’euros.

Elle sera jugée pour corruption passive d’agent public étranger.

Pascaline Bongo, qui conteste les faits, « n’a été en contact avec personne, il n’y a pas de contrat signé et rien dans le dossier ne permet de dire qu’il y a eu une remise d’argent », a affirmé à l’AFP son avocate Corinne Dreyfus-Schmidt.

« Rien ne va dans le dossier, la procédure et dans les qualifications pénales », a-t-elle ajouté.

Selon Libération, Pascaline Bongo, 67 ans, avait accepté un « partenariat fictif » pour qu’Egis participe à la création de l’Agence nationale des grands travaux du Gabon via un marché public de consulting.

Cette structure, créée par Ali Bongo après son arrivée à la tête du Gabon, supervisait les importants chantiers d’infrastructures comme les routes, les stades et les projets immobiliers publics.

Egalement annoncés sur le banc des prévenus, la société Egis Route ainsi que deux anciens cadres de la société et l’actuel directeur commercial, Christian Laugier, anciennement chargé des activités Afrique et directeur général du groupe.

Ces trois hommes sont soupçonnés d’avoir proposé à Mme Bongo une rétrocommission de 8 millions d’euros en échange d’un contrat.

« Nous contestons les faits de corruption avec la plus grande fermeté », a réagi auprès de l’AFP le groupe français spécialisé dans la construction de routes et d’infrastructures dans le monde.

Pascaline Bongo aurait demandé à un avocat de créer la société Sift, basée à Libreville, pour recevoir cette commission, détaille Libération.

Une avocate française, Danyèle Palazo-Gauthier, ainsi que l’homme d’affaires gabonais Franck Ping, fils du ministre Jean Ping, comparaîtront également pour complicité de corruption passive d’agent public étranger.

« Mme Palazo-Gauthier n’a jamais commis la moindre infraction » et les poursuites la visant sont « totalement infondées et déraisonnables », ont réagi les conseils de l’avocate Julie Freal Saison et Cédric Labrousse.

– Perquisition –

L’enquête préliminaire a été ouverte en 2019 par le parquet national financier après la découverte « de curieux échanges, mails et documents évoquant l’affaire Egis », selon Libération, lors d’une perquisition dans le cabinet parisien de Mme Palazao-Gauthier dans le cadre de l’information judiciaire sur des soupçons de biens mal acquis.

Dans ce dossier, des juges anticorruption parisiens se penchent depuis plus de quinze ans sur des soupçons de détournements de fonds publics ayant permis aux Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville et aux Bongo au Gabon de s’être constitué un patrimoine immobilier et mobilier considérable en France.

Dans le volet gabonais, 18 personnes sont à ce jour mises en examen, dont dix enfants d’Omar Bongo. Parmi eux figurent Pascaline Bongo et Omar Denis Jr Bongo, 29 ans, également petit-fils du président congolais Denis Sassou Nguesso.

Ils sont soupçonnés d’avoir bénéficié de ces « biens mal acquis », évalués par la justice « à 85 millions d’euros ». Tous ont contesté avoir eu connaissance du caractère frauduleux des biens immobiliers, offerts par leur père Omar Bongo, président du Gabon de 1967 à sa mort en 2009.

Ali Bongo a été chassé du pouvoir par un coup d’Etat le 30 août, moins d’une heure après l’annonce de sa réélection.

Le Gabon est souvent dénoncé pour l’ampleur de la corruption qui s’y pratique.

Avec l’AFP

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