Le président sénégalais Macky Sall, qui arrive en fin de mandat en 2024, a déclaré que la priorité de son successeur doit être de préserver la stabilité du pays « par tous les moyens », dans un entretien publié lundi dans l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Il faut préserver « la stabilité du pays. Avant tout et par tous les moyens, malgré les assauts menés par certains aventuriers de la politique et malgré les volontés de déstabilisation », a estimé le chef de l’Etat.
« Il faut absolument préserver cette stabilité en s’appuyant sur l’État de droit, coûte que coûte », a-t-il ensuite précisé.
Depuis deux ans et demi, M. Sall fait face à une opposition soudée autour du sort de l’opposant Ousmane Sonko, emprisonné. La mise en cause et la condamnation de celui-ci dans une affaire de mœurs, qu’il dénonce comme « un complot », ont engendré les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait des dizaines de morts entre mars 2021 et juin 2023.
Le gouvernement a dissous le parti de M. Sonko, justifiant sa décision par ses appels « fréquents » à des « mouvements insurrectionnels » qui ont fait selon lui de nombreux morts et entraîné « des actes de saccage et de pillage de biens publics et privés ».
Vendredi dernier, la Cour suprême au Sénégal a cassé un jugement qui avait remis M. Sonko dans la course à la présidentielle de février 2024 en annulant sa radiation des listes électorales prononcée à la suite d’une condamnation dans une histoire de moeurs. Cette affaire doit être rejugée à une date encore inconnue.
Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé en juillet qu’il ne briguerait pas un troisième mandat. Il a choisi comme candidat de sa coalition à la présidentielle son Premier ministre, Amadou Bâ.
Pour le président sénégalais, l’élection de 2024 est le choix entre « la continuité » ou « l’aventure », « avec des combinaisons politiciennes qui feront que la gouvernance sera très difficile ».
Interrogé sur le sentiment anti-français qui croît dans la région et est utilisé politiquement par les juntes récemment arrivées au pouvoir dans le Sahel, au Mali, Burkina Faso et Niger, il estime que « le mouvement s’est amplifié » mais que « La France ne peut être tenue pour responsable de tous les maux de l’Afrique ».