La ministre sénégalaise de la Justice a réfuté mardi tout critère politique dans la libération récente de centaines de détenus, laissant ouverte la question d’une éventuelle sortie de prison de deux des principaux opposants, en pleine crise autour de la présidentielle.
Aïssata Tall Sall a déclaré à la presse que les libérations provisoires récentes avaient été décidées par la justice « au cas par cas en fonction des éléments objectifs » des dossiers, et, non pas « à la tête du client » en fonction de critères politiques, et qu’il en serait de même pour les opposants antisystème Ousmane Sonko et son bras droit, Bassirou Diomaye Faye.
Ce dernier est candidat à la présidentielle qui devait avoir lieu le 25 février mais est pour l’instant reportée à une date indéterminée.
Plusieurs centaines d’opposants ont été libérés ces derniers jours dans le contexte de crise politique provoqué par ce report. Un collaborateur de la ministre a chiffré à 344 le nombre des libérations provisoires, indiquant que plus de 200 autres dossiers étaient à l’examen.
Des centaines de personnes ont été mises en prison depuis 2021 en lien avec l’agitation politique.
Toutes ont été incarcérées pour « troubles à l’ordre public » et « les raisons qui les ont envoyées en prison n’ont jamais été des raisons politiques », a insisté Aïssata Tall Sall, réfutant « le qualificatif de détenu politique ».
« Nous n’avons jamais libéré de façon arbitraire, de façon massive, les personnes parce que la politique l’a exigé, loin de là », a-t-elle dit.
Les libérations répondent à sa volonté de désengorger les prisons, a-t-elle assuré, et à la demande du président Macky Sall, le 7 février en pleine période de tensions, de mesures pour « pacifier l’espace public ».
« Nous sommes dans le sens de la décrispation, dans le sens de l’apaisement de la tension politico-sociale », a-t-elle dit, relevant cependant que la justice suivrait son cours pour les personnes relâchées.
Interrogée sur une possible libération de MM. Sonko et Faye, elle a répondu qu’il n’y avait « pas de distinguo entre personnes connues et anonymes ».
« Les dossiers s’apprécient au cas par cas, tout est possible selon la loi, tout est possible selon la procédure », a-t-elle affirmé, ajoutant à propos de M. Faye, qu' »être candidat n’est pas une condition de liberté provisoire ».
Les soutiens M. Faye ont exigé sa « libération sans délai » au nom « de l’égalité de traitement » entre les candidats à la présidentielle.
Le Sénégal est entré en crise début février à la suite du report de ce scrutin au 15 décembre, un ajournement invalidé par le Conseil constitutionnel qui a exigé la tenue des élections « dans les meilleurs délais ».
Avec AFP