Sahel : l’intégration économique et monétaire de l’AES, une équation difficile à résoudre.

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Sahel : l’intégration économique et monétaire de l’AES, une équation difficile à résoudre. DR

Les ministres de l’économie et des finances des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel ont recommandé la création d’un fond de stabilité et d’une banque d’investissement de l’AES. Ils ont également évoqué la question de la mise en place de l’union économique et monétaire. C’était lors de la réunion ministérielle de l’AES sur le développement dans l’espace du Liptako Gourma tenue à Bamako le 25 novembre dernier. Si le projet est ambitieux, l’équation semble plus difficile à résoudre, selon les économistes.

A situation exceptionnelle, conduite exceptionnelle. En réaction aux sanctions de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, les pays de l’Alliance des Etats du Sahel décident d’aller vers une intégration économique et monétaire en créant une banque d’investissement et un fond de stabilité. Voilà qui est bien ambitieux. Cela sous-entend la facilité des plus grands échanges commerciaux en harmonisant les politiques monétaires et fiscales.

Pour l’économiste, Modibo Mao Makalou, l’aboutissement de l’intégration économique, c’est avoir soit une monnaie commune soit une monnaie unique. « Une monnaie commune amènerait chacun des Etats à créer sa propre monnaie, ce qu’on appelle une monnaie nationale », précise l’économiste. Ce qui est envisageable et qui est une possibilité palpable pour lui, « c’est la mise en place d’une monnaie unique auquel cas, ces trois Etats auraient seulement une banque centrale unique et une monnaie comme c’est le cas avec le Franc CFA actuellement ».

Une équation, pas facile à résoudre   

L’annonce de cette nouvelle a été saluée par l’opinion populaire. Cependant, force est de reconnaître qu’il reste un projet qui n’est pas facile à réaliser. Pour Mao Makalou, « la production de monnaies dépend de l’économie. C’est une économie saine qui peut produire une monnaie saine. En créant la monnaie, on ne résout pas le problème d’économie. La monnaie, c’est un instrument d’échange. Elle émane de la confiance. Elle doit pouvoir assurer sa stabilité et le pouvoir d’achat des citoyens. C’est le rôle des banques centrales d’assurer cette stabilité des prix ».

Pour y arriver, M. Makalou estime qu’il faut une politique monétaire efficace. Ce qui demanderait la mise en place de certains instruments, « parce que c’est la banque centrale qui est chargée de l’émission monétaire et est chargée aussi de gérer la liquidité de la masse monétaire mais aussi la politique des taux d’échanges. C’est-à-dire, le prix de la monnaie à une autre monnaie. Cela dépend de ce que ces trois pays vendent à l’extérieur et de ce qu’ils achètent ».

Autre handicap des pays de l’AES, « c’est leur ouverture sur le commerce international ». C’est-à-dire qu’ils achètent beaucoup plus à l’extérieur qu’ils ne le vendent. A ce point, M. Makalou suggère, l’amélioration des facteurs de production et de baisser leur coût de crédit mais aussi et surtout le financement des économies nationales.

Pour lui, « il faut aller vers une plus grande transformation de nos produits en produits semi-finis et finis avant de les vendre à l’extérieur».

« Rien ne nous empêche de quitter le franc CFA »

Les pays de l’AES sont également membres de la CEDEAO qui utilise le Franc CFA sous le contrôle de la France. Pour mettre tout le monde au même niveau d’information, Modibo Mao Makalou, signe et persiste que « Rien ne nous empêche de quitter le franc CFA ».

Aux dires de l’économiste, « nous avons signé des accords monétaires dans lequel, il y a une clause de dénonciation. À tout moment un pays signataire peut le dénoncer comme on vient de le faire pour la convention fiscale et on l’a fait pour l’accord de défense.

Cependant, il y a des inconvénients et le Mali en a fait l’expérience en 1962. « Le 1er juillet 1962, le Mali a créé sa propre monnaie. Après nous avons été obligés de revenir dans le Franc CFA à cause des difficultés immenses au niveau de la non convertibilité de la monnaie et de l’épuisement des d’échanges », prévient l’économiste. Pour quitter le Franc CFA, il invite à tirer les enseignements de cette « mauvaise » expérience.

L’AES vers une confédération

Les dirigeants de l’Alliance des Etats du Sahel ont également émis leur volonté de créer une confédération dont l’ambition est « de parvenir, à terme, à une fédération ». L’Etat confédéral est l’une des trois formes d’Etat après l’Etat unitaire et l’Etat fédéral. Dans un Etat confédéral, « on garde les structures des différents Etats confédéraux, en mettant en place des structures super communes ». C’est une étape intermédiaire avant l’étape fédérale.

L’alliance des Etats du Sahel a vu le jour, le 16 septembre 2023 à Bamako. Elle regroupe le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Elle vise à mutualiser leurs pour lutter contre le terrorisme.

A.M. Temebely/Malikonews.com

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