Au moins 52 civils ont été tués dans des attaques des rebelles ADF dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où ce groupe armé qui a prêté allégeance à l’Etat islamique est à l’origine depuis juillet d’une nouvelle vague de violences meurtrières.
Après une relative accalmie ces derniers mois dans les provinces du Nord-Kivu (est) et de l’Ituri (nord-est), les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) avaient massacré plus de 40 personnes dans une église fin juillet à Komanda, localité située dans la province de l’Ituri.
Du 9 au 16 août, les ADF ont cette fois ciblé plusieurs localités des territoires de Beni et Lubero, situés dans la partie septentrionale de la province voisine du Nord-Kivu, a annoncé lundi la Mission des Nations-unies en RDC (Monusco).
Parmi les 52 victimes figurent « huit femmes et deux enfants, y compris une fillette. Ce bilan tragique pourrait s’alourdir », a précisé la mission onusienne.
Les violences « ont été accompagnées d’enlèvements, de pillages, d’incendies de maisons, de véhicules et de motos, ainsi que de destructions de biens appartenant à des populations déjà confrontées à une situation humanitaire précaire », a-t-elle ajouté.
Formés à l’origine d’anciens rebelles ougandais, les ADF ont tué des milliers de civils et multiplié les pillages et les meurtres dans le nord-est de la RDC, malgré le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés des forces armées congolaises (FARDC) dans la zone.
Au moins neuf des 52 victimes du mois d’août ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche, dans une attaque des ADF sur la localité de Oïcha, dans le Nord-Kivu, a appris l’AFP de sources sécuritaires et locales.
Quelques jours plus tôt, les ADF avaient déjà tué au moins quarante personnes dans le secteur de Bapere, également dans la province du Nord-Kivu, selon des sources locales et sécuritaires.
Les ADF « ont attaqué pendant la nuit » du 13 au 14 août « alors qu’ils fuyaient une attaque des forces armées congolaises et ougandaises dans les environs », a assuré à l’AFP Macaire Sivikunula, chef de secteur de Bapere.
Samuel Kagheni Kakule, président de la société civile du secteur de Bapere joint par téléphone, a fait état de « maisons incendiées et de personnes emportées » par les assaillants pendant ces attaques.
En réponse à cette « nouvelle vague de violence », la Monusco a dit avoir « renforcé sa présence militaire » dans plusieurs secteurs et avoir « assuré la protection physique de 206 civils, dont 70 femmes et 93 enfants, réfugiés dans sa base ».
– pillages et contrebande –
Fin 2021, Kampala et Kinshasa ont lancé une opération militaire conjointe contre les ADF, baptisée « Shujaa », sans parvenir jusqu’à présent à mettre fin à leurs exactions.
Les opérations de l’armée ougandaise depuis 2021 ont repoussé les ADF vers le nord ou dans des zones isolées et difficiles d’accès, où les militaires tardent souvent à intervenir contre ces rebelles qui préfèrent éviter les confrontations et s’attaquent en priorité aux civils.
La recrudescence des attaques des ADF dans le Nord-Kivu ces derniers mois marque un retour du groupe armé dans ses anciennes zones d’influence, estiment des sources sécuritaires.
Le secteur de Bapere, dans le territoire de Lubero, est notamment réputé pour ses gisements d’or, qui attirent diverses milices locales et des bandes criminelles.
Les ADF sont également impliqués dans le pillage et la contrebande des produits agricoles dans le territoire voisin de Beni.
Si elle n’est pas parvenue à mettre un terme aux attaques contre les civils, l’opération Shujaa a néanmoins apporté un semblant de sécurité sur les principaux axes routiers menant à la frontière ougandaise, notamment depuis les grands centres commerciaux de Butembo et Beni.
La province du Nord-Kivu est également en proie aux offensives du groupe antigouvernemental M23 soutenu par Kigali, qui s’est emparé de vastes pans de territoires depuis 2021 mais a limité sa progression vers le nord aux marges de la zone de déploiement des troupes ougandaises.
Avec AFP