Un rapport explosif qui ne tardera pas à faire grand bruit a décelé des fraudes sur les hydrocarbures et plusieurs autres pratiques délictuelles. Plusieurs cadres, agents et fournisseurs de la place sont impliqués.
Faux bordereaux de réception de carburant, absence de bordereaux de livraison, fausses factures de paiement sur la base de vraies fausses quantité de gasoil reçues, des gens en délicatesse avec le fisc maintenus dans le lot des fournisseurs d’hydrocarbures, etc. C’est une infime partie des malversations constatées à EDM-SA.
Des pratiques ancrées depuis des dizaines d’années et qui ont eu des répercutions fatales sur le fonctionnement normal de la société elle-même en difficulté de trésorerie, l’Etat du Mali et la vie de ses usagers.
EDM-SA utilise normalement du fuel pour ses centrales thermiques. Dans chacune de ses centrales électriques, il y a des grandes cuves pour le fuel et des petites cuves réservées au gasoil. Mais la fraude étant planifiée délibérément, les agents dédaignent le fuel pour faire tourner les moteurs. Donc au lieu de commander du fuel (consommé par une catégorie d’industries), qui est plus lourd et dont la consommation est moindre, ils préfèrent le gasoil par contre plus cher et qui se consume vite. La raison, selon un expert, “c’est que ceux qui sont à la tête de ces vols peuvent revendre facilement le gasoil dont les utilisateurs sont plus nombreux. Ce produit est rétrocédé au même fournisseur moyennant une contrepartie financière. Tout se passe comme une routine”.
Au moment où les millions de clients et populations broient du noir sur toute l’étendue du territoire national par manque de courant et que d’autres perdent la vie dans les hôpitaux et leurs emplois à cause des coupures intempestives, des travailleurs, fournisseurs de la société Énergie du Mali (EDM-SA) se la coulent douce. Cette société anonyme qui emploie plus de 2500 personnes, 600 stagiaires et un nombre incalculable de bénévoles a érigé en règle et système le vol de carburant. Il y a d’autres formes de mauvaise gestion et de malversation dont nous faisons l’économie en attendant.
Selon nos sources, EDM-SA compte environ 800 fournisseurs privés maliens et quelques multinationales. Mais la fraude est constatée au niveau des opérateurs économiques maliens. EDM-SA n’est pas aussi pauvre qu’on le pense. Même si le kilowatt est vendu nettement en deçà de son prix réel et que les 130 milliards de F CFA de subventions accordées annuellement par l’État ne suffisent pas, rien ne justifie le rythme actuel de délestage.
Les causes sont identifiées et les remèdes aussi devraient l’être. Ce sont les malversations qui ont mis à genou cette entreprise. Puisque le pays est engagé dans la lutte contre la corruption, l’État se doit de nettoyer les écuries d’Augias.
Ces fautes et pratiques dangereuses pour l’économie et le développement du pays ne devraient pas restées impunies. L’Etat devra sonner le glas de ces prédateurs financiers afin que la mesure fasse des émules dans les autres entreprises. Des têtes du plus haut cadre à l’agent subalterne considéré fautif, doivent tomber. Ils doivent répondre devant la loi en même temps que les opérateurs économiques pris la main dans le sac dans ces vastes fraudes.
Il y a environ deux mois, un responsable de la centrale électrique de Kolokani a été pris en flagrant délit de vol de gasoil par l’édile de la ville. Des bidons de 20 litres remplis de gasoil à bord d’une charrette se dirigeaient vers une station d’essence de la ville. L’agent présumé coupable et ses complices ont été dénoncés à la gendarmerie et conduits manu militari. Ils ont été placés sous mandat de dépôt. Sur instruction des plus hautes autorités, leur sort est entre les mains de la justice.
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Abdrahamane Dicko
Source : Mali Tribune