A Moroni, policiers, gendarmes et soldats armés sont déployés en nombre. Des habitants ont dressé des barrages de fortune faits de morceaux de bitume, de pneus ou encore d’appareils électroménagers, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Ici et là, des militaires se chargent de déblayer les routes ou tentent d’embaucher des passants: « Hé toi, enlève-moi ça et vite », ordonne un homme en treillis à un riverain.
Régulièrement, les forces de l’ordre usent de gaz lacrymogène, incitant la population à déserter les rues. Dans les ruelles du quartier populaire de la Coulée (nord), des groupes de jeunes ont jeté des pierres en direction des forces de l’ordre.
« Tout le monde est parti. Je pars aussi, j’ai été aspergée de gaz lacrymogène », raconte à l’AFP Amina, une vendeuse du grand marché de Volo-Volo. L’endroit habituellement animé est désert, les étals en bois laissés vides.
Dans cette école de la capitale, personnels et élèves restent cloîtrés: « Nous sommes bloqués à l’intérieur de l’école, ils tirent du gaz lacrymogène », dit Abdereman Ben Said Ali, qui travaille dans l’établissement et évoque des élèves choqués.
Le porte-parole du gouvernement a dénoncé auprès de l’AFP des troubles qui ne sont pas « spontanés »: « C’est organisé par ceux qui n’avalent pas la défaite », a affirmé Houmed Msaidie, ajoutant que des arrestations ont eu lieu, sans en préciser le nombre.
La veille, il avait mis en garde: « Ils ont été vaincus (…) Qu’ils ne tentent pas d’être en colère, nous ne laisserons pas faire ».
Quelque 340.000 électeurs de l’archipel de l’océan Indien étaient appelés à se rendre aux urnes dimanche, pour un scrutin qui a enregistré une participation exceptionnellement faible de 16,30% pour la présidentielle, selon la commission électorale.
Le président sortant Azali Assoumani, ancien militaire putschiste de 65 ans, a remporté 62,97% des voix, selon les résultats provisoires annoncés mardi soir par la commission électorale. Ce troisième mandat consécutif devrait ainsi le maintenir au pouvoir jusqu’en 2029.
L’opposition a vivement dénoncé des « fraudes » et des « bourrages d’urnes ».
Les résultats doivent encore être validés par la Cour suprême, plus haute juridiction du pays pauvre de 870.000 habitants, composé des îles Grande-Comore, Anjouan et Mohéli.
Avec AFP