Mort du principal opposant : le Tchad promet une « enquête de type international »

Le Premier ministre tchadien Succès Masra. Crédit photo : Primature du Tchad

Le Premier ministre tchadien Succès Masra a promis lundi sur Radio France internationale (RFI) qu’une « enquête de type international » serait menée par son gouvernement pour « déterminer les responsabilités » dans la mort mercredi du principal opposant à la junte, tué dans un assaut de l’armée contre son parti.

Le Parti socialiste sans frontières (PSF) a accusé l’armée d’avoir « exécuté » son président Yaya Dillo Djérou.

Le reste de l’opposition a invoqué un « assassinat » pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle dans deux mois et Human Rights Watch (HRW) a réclamé une « enquête indépendante » avec « une aide étrangère » sur le « meurtre » du rival et cousin du président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno.

« Le gouvernement s’est engagé à mener une enquête de type international qui permettra de situer les responsabilités à tous les niveaux. Il y a des photos, mais il y a un film, le film des événements », a déclaré à RFI M. Masra, en visite à Paris, selon le site internet de la radio française.

M. Dillo a été tué mercredi dans l’assaut par l’armée du siège de son parti à N’Djamena « parce qu’il refusait de se rendre » et a « lui-même tiré sur les forces de l’ordre », avait affirmé à l’AFP le ministre de la Communication Abderaman Koulamallah, niant « toute exécution ».

« Il a été exécuté », « à bout portant », d’une balle dans la tête, avait auparavant affirmé à l’AFP Robert Gamb, porte-parole du PSF.

M. Koulamallah affirme que l’assaut a fait sept morts: quatre militaires et trois dans le camp de M. Dillo.

Des photos, que l’AFP a pu consulter, circulent parmi les proches de M. Dillo, mais non authentifiées, montrant de gros plans sur la tête de la dépouille d’un homme ressemblant trait pour trait à M. Dillo, un petit orifice net entouré d’un halo noir en plein milieu de la tempe droite.

« HRW a examiné plusieurs photos transmises par une source fiable proche de Dillo, montrant celui-ci mort et portant la trace de l’impact d’une seule balle dans la tête », écrivait aussi l’ONG.

« Les circonstances du meurtre de Yaya Dillo ne sont pas claires, mais sa mort violente illustre les dangers auxquels font face les politiciens de l’opposition au Tchad, en particulier à l’approche d’élections », avait conclu HRW à deux mois de la présidentielle du 6 mai pour laquelle M. Déby a annoncé samedi sa candidature.

Alors jeune général de 37 ans, Mahamat Déby avait été proclamé par l’armée le 20 avril 2021 président de transition, à la tête d’une junte de 15 généraux, à l’annonce de la mort de son père, Idriss Déby Itno, qui dirigeait le Tchad d’une main de fer depuis 30 ans.

Le nouvel homme fort promettait de rendre le pouvoir aux civils après une transition de 18 mois mais, ce terme échu, il l’avait prolongée de deux ans.

Avec AFP

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