La famille de feu Ali Farka Touré a lancé l’alerte du vol de « l’un des trois Grammy Awards » gagnés par le guitariste et chanteur décédé en 2006, ce jeudi 03 octobre. L’enfant du Niafunké, dans le nord du pays a remporté trois trophées de cette récompense internationale musicale, décernée chaque année aux Etats-Unis. Il décrocha son premier trophée en 1995 dans la catégorie « meilleur album de musique du monde » avec son œuvre musicale « Talking Timbuktu », (raconter Tombouctou).
Selon les acteurs culturels, « ce trophée est un gramophone doré, fabriqué en zinc et non en or ». Il a été volé, à en croire sa famille, dans la maison familiale de l’artiste à Lafiabougou, un quartier populaire de Bamako, dans le musée mis en place par sa famille en souvenir de ce mastodonte de la musique africaine.
Son fils Vieux Farka Touré, a indiqué aux médias avoir constaté la disparition de l’un des trois Grammy Awards de son père en rentrant d’une tournée à l’étranger. « Ça fait vraiment mal, ça fait très, très mal, et je ne vois pas comment on peut avoir l’idée de voler cela. Ce n’est même pas l’héritage de la famille Ali Farka, c’est l’héritage du Mali ! Et c’est l’un des Grammy les plus importants car c’est le premier obtenu par le Mali », a-t-il affirmé.
Afel Bocoum, neveu du guitariste, qui l’a suivi au moment de ses gloires sur les plus grandes scènes musicales du monde, a, de son côté déclaré que la disparition de ce trophée est de « voler la racine du blues, c’est voler notre identité culturelle. Et c’est ce qu’Ali chante, il chante le travail, il chante la tolérance »
Les proches de l’artiste ont déclaré le vol du trophée aux autorités, et attendent maintenant la restitution du Grammy Awards « sans problème ». « On ne cherche pas de problèmes, on ne cherche pas à amener la personne en prison. Toute personne de bonne volonté qui l’a, ce que l’on cherche c’est de ramener ce Grammy et de le remettre à sa place. C’est tout », a rassuré son fils Vieux Farka Touré.
Ali Farka Touré et ses retentissants Grammy Awards
Ali Ibrahim Touré, dit Ali Farka Touré, était un musicien et chanteur malien et reste l’une des figures musicales les plus importantes d’Afrique.
Ses compositions sont marquées par une volonté d’associer musique malienne traditionnelle et blues. Martin Scorsese affirme la relation étroite entre les deux genres, considérant la musique de Touré comme étant « l’ADN du blues ». Le genre musical d’Ali Farka Touré s’inscrit dans la longue tradition songhaïe du « wallahidu », un genre musical que l’on retrouve au Sahel. Dans ses morceaux, Touré chante en plusieurs langues africaines, notamment en songhaï, en peul, en touareg et en bambara.
Par ailleurs, la sortie en 1993 de l’album « Talking Timbuktu » en duo avec Ray Cooder, le guitariste américain, le propulse sur la scène internationale avec succès : il reçoit un Grammy Awards pour cet album, en 1995. En 2005, Ali Farka Touré publie « In the Heart of the Moon », avec feu Toumani Diabaté. Cet album obtient le 8 février 2006 le Grammy Award du meilleur album traditionnel de musique du monde, offrant ainsi à Ali un deuxième Grammy Award. Le polyglotte guitariste reçoit son dernier Grammy Awards à titre posthume en 2011.
Il est classé 71ème par Rolling Stone et 37ème par Spin dans leur liste des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps.
Mohamed Camara / Malikonews.com