La diaspora et les afro-descendants sont au cœur d’une conférence régionale de l’Afrique de l’ouest qui s’est ouverte, ce jeudi 14 mars à Bamako, et prendra fin ce vendredi 15 mars. Durant ces deux jours les experts venus du continent et d’ailleurs, réfléchiront sur le thème : “diasporas, afro-descendants et le développement”. Cette conférence se tient en prélude du 9ème congrès panafricain qui se déroulera à Lomé, le 29 octobre prochain, dont le chef de la diplomatie était ce matin au côté de ses homologues malien, burkinabé, cap-verdien ainsi que le chef du département de la diaspora malienne.
Selon les différents intervenants à l’ouverture de cette conférence, présidée par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, la région ouest-africaine veut porter un message fort pour l’intégration et la reconnaissance de ses diasporas et les afro-descendants. « Ce rendez-vous constitue une opportunité réelle en vue de réfléchir ensemble aux enjeux liés au développement de nos pays, de partager nos expériences et de proposer des stratégies innovantes pour mobiliser la diaspora africaine et la communauté des afro-descendants », a estimé le ministre des maliens établis à l’extérieur, Mossa Ag Attaher.
La région de l’Afrique de l’ouest, à l’instar des autres contrées du continent, est une zone richement diversifiée, selon M. Attaher, elle est “ incontestablement un terreau fertile pour l’approfondissement de cette réflexion.”
Pour lui, les sociétés africaines sont aujourd’hui « plus que jamais interconnectées avec la diaspora et les afro-descendants, créant un réseau mondial de solidarité et un potentiel économique ». Il a notamment souligné que les diasporas partout où elles se trouvent à travers le monde, « représentent une force dynamique pour notre continent ». Concernant les afro-descendants, il a estimé qu’ils sont « porteurs d’une histoire douloureuse mais aussi d’une résilience et d’une créativité exceptionnelle », et que malgré l’éloignement leurs engagements « reste vivace pour leurs terres d’origine ».
Selon le ministre Ag Attaher, la montée des mouvements panafricanistes « constitue aujourd’hui une réalité dont la diaspora et les afro-descendants sont les principaux vecteurs ». Il a passionnément ajouté que la lutte de ses derniers pour la reconnaissance de leurs droits et leurs contributions « à la construction d’une société plus juste et égalitaire, sont une source d’inspiration pour nous tous ». Et pour cela « leur voix doit être entendue et leur place pleinement reconnue au sein de nos sociétés ».
« Une leçon de bravoure » et « une leçon indispensable »
A sa prise de parole, le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, a pour sa part reconnu « la bonne volonté des autorités maliennes » en organisant cette rencontre à Bamako. De ce fait, il a estimé qu’ils ont réaffirmé « leur partis pris pour le panafricanisme et les nobles causes africaines ».
Celui dont le pays abritera, le 9ème congrès panafricain en octobre prochain, a remercié les autorités maliennes pour leur « engagement à la réactivation de la fibre du panafricanisme, un renouveau dont l’Afrique, sa diaspora et les personnes descendantes africaines, ont ardemment besoin ».
Selon M. Dussey, les maliens ont « repris conscience que l’Afrique, lieu du devenir humain dans les cadres spatiaux de processus temporels n’est pas un processus à subir mais à accomplir par chaque peuple, selon ses règles et son image ». Il a estimé qu’au peuple malien, les autorités ont donné « une leçon de bravoure » et aux autres « une leçon indispensable ».
Une opportunité tant pour le Mali
« Si, depuis de nombreuses années, les gouvernements successifs de la République du Mali ont œuvré à améliorer les conditions de vie, de résidence, de mobilité, et à créer des opportunités spécifiques aux diasporas maliennes, tout comme aux ressortissants étrangers établis au Mali, les autorités de la Transition, pour leur part, ont très tôt pris la mesure de l’engagement des diasporas maliennes et africaines, et des Afro-descendants en faveur de la noble lutte d’émancipation, de libération des populations maliennes », a déclaré, Abdoulaye Diop, Chef de la diplomatie malienne.
Selon le diplomate Diop, « la meilleure illustration de cette mobilisation sincère est clairement apparue lors des manifestations de ressortissants de pays africains et de personnes afro-descendantes, pour s’opposer aux injustices faites au Mali, dès octobre 2021, manifestations qui ont culminé à des niveaux de participation inégalés en janvier 2022 suite à une série de sanctions injustes, illégales et inhumaines imposées aux populations maliennes afin de briser la dynamique de la refondation. »
« Je suis heureux de noter que lors des sessions thématiques qui vont suivre, une partie des échanges sera consacrée au format et aux modalités de la fédération des efforts et des intelligences de nos diasporas et des Afro-descendants pour constituer une force », s’est-il réjouit. Avant de préciser qu’au Mali, « à l’opposé d’une doxa qui perçoit les migrants comme une menace, le président de la transition et le gouvernement…voient en la diaspora une richesse, une opportunité tant pour le Mali, l’Afrique que pour les pays d’accueil »
Mohamed Camara / ©️ Malikonews.com