Mali : ouverture, hier lundi, de la phase finale du dialogue inter-maliens

Ouverture de la phase finale du dialogue Inter-maliens. © Primature

Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta a présidé, ce lundi 06 mai, la cérémonie d’ouverture de la phase nationale du dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation, au centre international de conférence de Bamako. Cette étape ultime prendra fin le 10 mai avec des recommandations et des propositions des participants autour des différentes thématiques proposées par le comité de pilotage du dialogue. Pourtant, ce dialogue se déroule depuis ses phases préliminaires dans un contexte de contestation suite à la suspension sine die des activités des partis politiques. 

Après les phases communales et régionales, ainsi débute la phase nationale de cette concertation entre maliens, une initiative du président Goita, pour « éliminer les racines des conflits communautaire et intercommunautaire ». Durant quatre jours, les maliens de différentes sensibilités se parleront sans tabou, pour tracer la voie de la paix et de la réconciliation, dans un pays en crise depuis plus d’une décennie.  

« La phase actuelle est décrite comme l’ultime étape de synthèse et de consolidation des recommandations issues des discussions préliminaires tenues dans les communes, les régions, les ambassades, les consulats et les universités de Bamako et Ségou. Cette démarche assure qu’aucun malien n’est laissé pour compte dans la quête d’une paix durable », a indiqué le président du comité de pilotage du dialogue, Ousmane Issoufou Maiga. 

Durant son allocution M. Maiga, a longuement souligné, « la dimension inclusive du processus » tout en rappelant l’engagement pris en décembre 2023 par le chef de la transition. Il a également rendu hommage aux membres de son comité disparus, notamment à l’ancien ministre Adama Samassekou, et a exprimé sa compassion pour toutes les victimes civiles et militaires du terrorisme. Avant d’informer que « la semaine sera marquée par des débats sur les diverses thématiques, dans un esprit de dialogue fraternel et constructif. Les conclusions, recommandations et résolutions qui émergeront de ces discussions seront consignées dans un rapport final qui sera remis au chef de l’État »

De son côté, le président Goïta a déclaré que « le Mali, naguère paisible, a dû affronter une crise complexe et des conflits exacerbés par des influences internes et externes. Mais, dans un sursaut de dignité, le peuple malien a repris son destin en main, illustré par la reprise de Kidal et d’autres territoires du nord »

Le chef de la transition a ensuite félicité « l’engagement patriotique » des membres du comité de pilotage de ce dialogue à respecter « la diversité d’opinions et culturelles, et à interdire toute forme de discours haineux. Les discussions ont abordé des thématiques directement liées à la vie socioéconomique et culturelle des Maliens, incluant la paix, la réconciliation nationale, les questions politiques, économiques, sécuritaires, et géopolitiques »

« Le peuple malien compte d’abord sur ses propres forces, mais aussi sur l’accompagnement de partenaires sincères et sur une intégration réelle au sein de l’Alliance des États du Sahel », a-t-il précisé à la fin de son discours d’ouverture. 

Le boycott du dialogue 

Cette phase nationale du dialogue s’ouvre dans un contexte de contestation de la grande majorité des partis politiques dont les activités ont été suspendues sine die par les autorités, en début avril. 

Face à cette décision de la suspension de leurs activités par les autorités, le 10 avril, pour des raisons d’ordre public et sécuritaire, plusieurs partis politiques avaient instruit à leurs militants de ne pas prendre part au dialogue. A travers des lettres circulaires, plusieurs grands partis politiques, avaient donné des instructions claires à leurs bases, qui est d’opter pour la politique de la chaise vide durant tous les travaux du dialogue. 

 Ainsi, l’ensemble des partis et regroupement réunis au sein de la coalition politique du 31 mars 2024, opposée aux actions des autorités, s’étaient conformés à la déclaration de protestation de leur coalition datant le 11 avril, qui est de ne plus participer à aucune activité organisée par « le gouvernement, y compris le soi-disant dialogue inter-maliens ».

Le 12 avril, près d’une vingtaine de partis politiques ont instruit à leurs bases de ne pas prendre part aux travaux du dialogue inter-maliens, arguant ne pas avoir de « mécanisme de participation à ce dialogue en dehors » de leurs activités politiques. Pour leur part, les mouvements armés réunis au sein de l’ex CSP-PSD, ont, à leur tour, indiqué rompre tout dialogue avec Bamako, qui les considèrent d’ores et déjà comme des « terroristes »

Ce dialogue dont la phase nationale vient d’entamer, se déroule déjà autour de 5 thématiques, à savoir :  « paix, réconciliation nationale et cohésion sociale », « questions politiques et institutionnelles », « économie et développement durable », « questions sécuritaires et de défense du territoire » et enfin « géopolitique et environnement international ».

Maintenant tous les regards sont rivés sur les conclusions de ce processus de concertation entre maliens, qui va remplacer l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation, signé en 2015. 

Mohamed Camara /©️ Malikonews.com 

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