Mali : Le retrait définitif de la Minusma entre échec et impuissance

Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies et chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane. Photo : Minusma

Le drapeau des Nations Unies ne flottera plus dans les airs de Bamako et du reste du Mali. Il a été définitivement descendu hier lundi, 11 décembre lors d’une cérémonie solennelle à Bamako marquant le départ du Mali de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Ceci met fin à une décennie de déploiement dans le pays. Ce retrait est la volonté exprimée des autorités maliennes. Une volonté actée par le conseil de sécurité des Nations Unies à travers la résolution 2690 de l’ONU. Les casques bleus quittent le Mali sur un constat d’échec et d’impuissance.

A la fois mal aimée et incomprise, la mission de l’ONU au Mali quitte définitivement le pays après une décennie de présence. Ce départ a été acté par la fermeture de son quartier général sis à Bamako au cours d’une cérémonie solennelle. Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies et chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane a dressé le bilan des phases de rétrocession des camps avant de présenter aux autorités maliennes un livre retraçant le bilan des dix ans de présence au Mali. Il a également rendu hommage aux casques bleus tombés dans le pays.

Le patron de la Minusma a fait savoir que « dans un peu plus de deux semaines, la MINUSMA fermera définitivement ses portes. Entamé peu après l’adoption de la résolution 2690, qui a fait suite à la demande formulée par les autorités maliennes pour le retrait de la Mission, ce processus a vu la clôture, depuis début août, de dix bases sur les treize dont nous disposions dans le centre et le nord du Mali, ainsi qu’à Bamako ».

La Minusma entre échec et incompréhension

Dans son discours, le chef de la Minusma a relevé les actions menées par la mission « en appui à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le soutien au processus de retour à l’ordre constitutionnel dans le cadre de la transition en cours, l’appui à la stabilisation des régions centrales du Mali, la protection des civils dans les zones où la Mission était déployée, les milliers de projets socioéconomiques et autres mis en œuvre à des fins de stabilisation et la facilitation de l’assistance humanitaire, la réhabilitation et la construction d’infrastructures diverses et leur protection dans certains cas, l’appui à la restauration de l’autorité de l’État, l’assistance apportée aux forces de défense et de sécurité dans le respect de la politique de diligence voulue des Nations unies en matière de droits de l’homme, l’accompagnement des efforts nationaux de promotion et de protection des droits de l’homme ».

Cependant, le Mauritanien reconnaît que la situation exigeait plus, « Mais ce qui a été accompli est appréciable et reconnue par les populations que nous avons servies avec dévouement. La volonté de toujours faire mieux n’a jamais manqué, même quand les difficultés ont paru être impossibles à surmonter ».

Si la mission se targue de ses réalisations, pour une frange des Maliens, elle quitte le pays sur un constat d’échec. « C’est un bilan totalement négatif. Les casques bleus n’ont jamais réussi à ramener la paix et la sécurité au Mali. Ils n’ont pas réussi non plus à garantir la stabilité des institutions », constate Abdoulaye Bamba Diallo via sa page Facebook. « Le retrait de la Minusma marque une nouvelle ère pour l’Etat malien. Le bilan est mitigé », s’indigne un autre internaute.

Plus loin, Aboubacar Diarra tweete, « la mission a été un échec au Mali. Ce que cette organisation n’a pas fait en 10 ans, c’est ce que l’armée de la transition a fait à moins de 2 ans ».  

Pendant dix ans de présence, la mission des Nations unies a enregistré 310 casques bleus tombés au champ d’honneur au Mali, ainsi que plus de 700 blessés. Elle est qualifiée de la mission la plus touchée de l’ONU dans le monde.

 Adama Tembely/Malikonews.com 

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