Mouhamadou Chouala Bayaya Haidara, prêcheur et “guide spirituel” de l’association “Hizbou Rahamane” a été inculpé et placé sous mandat de dépôt. Après avoir passé la nuit d’hier mardi 19 décembre, en garde à vue, suite à son interpellation par la brigade d’investigation judiciaire sur instruction du parquet du pôle judiciaire spécialisé en cybercriminalité de Bamako. Il est accusé d’atteinte au crédit de l’Etat et de trouble à l’ordre public et sera jugé en mars 2024 au tribunal du pôle spécialisé dans la lutte contre la cybercriminalité. Selon, le prêcheur, cette arrestation fait suite à sa dernière sortie médiatique sur la crise de fourniture d’électricité et la situation socio-économique du pays. Des partisans et des mouvements politiques dénoncent une entrave à la liberté d’expression.
Le temps de la tolérance a vécu entre le prêcheur, Chouala Bayaya Haidara et la justice malienne. Le “guide spirituel” du mouvement religieux, “Hizbou Rahamane” a été conduit à la prison centrale de Bamako sur ordre du procureur du pôle de lutte contre la cybercriminalité de Bamako. Ce mandat de dépôt est intervenu suite à son interpellation hier mardi par la brigade d’investigation judiciaire.
Selon nos informations, Chouala Bayaya est arrivé à la maison centrale de Bamako sous escorte militaire ce mardi matin vers 11h40. Il est accusé d’atteinte au crédit de l’Etat et de trouble à l’ordre public. Mais, selon lui-même, son arrestation fait suite à une récente sortie médiatique dans laquelle, le prêcheur a été vu critique vis-à-vis des autorités actuelles. Il dénonçait la situation socio-économique et politique du pays, les coupures intempestives d’électricité, entre autres. Selon le prédicateur, peu après sa convocation par la justice, son interpellation fait suite à ses propos sur les délestages d’électricité que connaît le pays. Dans cette vidéo de deux minutes, il déclare, « j’ai été interpellé pour avoir demandé le droit des Maliens ». Il poursuit, « je préfère la mort et la prison à un pays où on ne peut pas donner son avis. Nous avons donné nos avis aux régimes précédents qui étaient dirigés par des personnes plus âgées ». Il sera jugé en mars 2024 au tribunal du pôle spécialisé dans la lutte contre la cybercriminalité.
Mesures liberticides
La nouvelle s’est propagée comme un feu de brousse. Dès lors, ses partisans ont pris d’assaut la brigade d’investigation judiciaire. Ils étaient des centaines à réclamer la liberté de leur « guide » et à dénoncer une mesure liberticide. Ils ont appelé à une mobilisation générale dans le calme pour manifester leur mécontentement. Les propos étaient forts. Les manifestants se « disent prêts à mourir pour leur guide ».
Pour ses adeptes, leurs « âmes sont insignifiantes devant la liberté du guide. Sortons massivement, nous sommes prêts à cet instant à mourir ». Selon les témoignages, certains ont passé la nuit devant la BIJ. Tôt ce matin, ils scandaient des slogans comme « Chouala, nous répondons ton appel ».
Au-delà de ses adeptes et partisans, les mouvements et regroupements politiques ont aussi manifesté leur mécontentement, à l’image de la CMAS de l’imam Mahmoud Dicko. La coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Dicko a affirmé dans un communiqué, « apporté son soutien indéfectible à chouala Bayaya Haidara et suit de près l’évolution de la situation ». La CMAS a demandé ses militants et « aux fidèles du guide Chouala Haidara de rester disponibles pour accompagner toutes les dynamiques de paix et de dialogue, seul gage d’une paix durable ».
Outre la CMAS, le parti Initiative pour la Concrétisation des Attentes du peuple (ICAP) dit avoir appris avec « consternation l’interpellation du prêcheur ». Le regroupement « condamne avec la dernière rigueur cet acte d’une autre époque contre les voix discordantes et appelle à la libération immédiate du guide ».
Après la nouvelle de son placement sous mandat de dépôt, plusieurs partisans du prêcheur se sont mobilisés à travers la ville de Bamako pour réclamer la libération de leur “guide”.
Adama Tembely/Malikonews.com