Le professeur d’économie condamné à deux ans de prison, dont un ferme, depuis le 20 mai dernier, était devant les juges de la cour d’appel de Bamako, ce lundi 14 octobre, pour sa demande de liberté provisoire. Selon plusieurs sources, Etienne Fakaba Sissoko a obtenu gain de cause, mais à la dernière minute le parquet s’est opposé à la décision du juge.
Ce lundi, la cour d’appel de Bamako a jugé la requête de l’universitaire poursuivi depuis mars 2024, pour « atteinte au crédit de l’État », « injures » et « diffusion de fausses nouvelles perturbant la paix publique » recevable et ordonné sa libération provisoire en attendant son procès en appel le 11 novembre. Mais cette décision du juge a été immédiatement suspendue à la suite d’un pourvoi introduit par le parquet général. Le représentant du parquet avait requis contre sa libération le 7 octobre en invoquant la gravité des faits à ses yeux et le trouble à l’ordre public.
L’auteur d’un livre critiquant la communication de la transition retourne dans sa cellule à la maison d’arrêt de Kenieroba, une localité située à 75 kilomètre de la capitale. Après sa condamnation en mai dernier, à une peine de deux ans de prison dont un ferme, assortie d’une amende de 3 millions de FCFA, il avait été successivement transféré à la maison d’arrêt de Dioila, à celle de Bamako, avant de se retrouver à la prison centrale de Kenieroba, au sud de Bamako.
Lors de l’audience du 7 octobre qui s’inscrivait dans le cadre de l’appel interjeté par la défense pour contester à la fois, la décision de rejet de sa mise en liberté et le verdict du procès rendu en mai, Etienne Fakaba Sissoko avait évoqué à la barre, des conditions de détention affectant sa santé puisqu’il est diabétique, la nécessité de s’occuper de sa famille et d’être présent devant ses étudiants à la reprise des cours, et son admission au Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur – CAMES, qui honore selon lui, « tout le pays ».
Etienne Fakaba Sissoko, professeur et chercheur à la Faculté des sciences économiques et de gestion de Bamako, militant politique aux couleur du parti pour la renaissance nationale – Parena, avait été interpellé suite à la publication de son livre intitulé, « Propagande, Agitation, Harcèlement : La Communication gouvernementale sous la transition ». Dans cet ouvrage, l’universitaire dénonce la communication des autorités de la transition. Il se lance ainsi dans une analyse des « stratégies de propagande et de manipulation employées par les gouvernements de transition successifs », et évoque « les tensions dans leurs relations avec la communauté internationale ».
Ses avocats, ainsi que plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, avaient dénoncé à quelques jours de sa comparution du 7 octobre, une instrumentalisation de la justice et appelé à sa libération immédiate et sans conditions. Pour eux, la condamnation repose sur des accusations infondées et vise à faire taire l’une des dernières voix critiques du régime.
Pour rappel, le jugement au fond de l’appel est prévu pour le 11 novembre 2024.
Mohamed Camara / Malikonews.com