Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali a fait le point, ce matin devant le Conseil de sécurité, sur le processus de clôture de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui doit être achevé avant le 31 décembre 2023.
À cette occasion, M. El-Ghassim Wane a prévenu que des difficultés subsisteront en raison du calendrier serré de retrait de la Mission, ainsi que de la cessation immédiate de son mandat substantiel en vertu de la résolution 2690 (2023), qui, a-t-il relevé, n’a pas permis d’envisager une période de transition proprement dite. Dans ce contexte, il est important de reconnaître que certaines tâches ne pourront pas être transférées de manière effective, a-t-il signalé.
« Fermer une mission construite sur une décennie en l’espace de six mois est une entreprise complexe et ambitieuse », a indiqué le Chef de la Mission qui, outre le rapatriement de 12 947 membres du personnel en uniforme, a évoqué une multitude de contraintes liées à la géographie, au climat, à la logistique et à l’infrastructure, ainsi qu’aux risques sérieux liés à la situation sécuritaire actuelle.
À ce propos, M. Wane a indiqué que le première phase de retrait de la Mission, qui se concentrait sur la fermeture des avant-postes les plus petits et les plus éloignés des camps de l’ONU à Tombouctou, Gao et Mopti, a été émaillée par des incidents sécuritaires lors de la fermeture du camp de Ber, au cours desquels quatre Casques bleus ont été blessés lorsque le convoi de la MINUSMA a été attaqué à deux reprises par des extrémistes non identifiés. De plus, a-t-il ajouté, ce retrait s’est également avéré difficile sur le plan politique, les autorités maliennes et les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali étant en désaccord sur le sort du camp après le départ de la MINUSMA.
Sur ce dernier point, le Représentant spécial a fait savoir que la Coordination des mouvements de l’Azawad a invoqué les arrangements sécuritaires de 2014 pour objecter au déploiement des forces armées maliennes dans les zones qu’ils contrôlent et insister sur la nécessité d’opérer dans le cadre de l’accord de paix. Tout en rappelant que les bases de la Mission sont légalement transférées à l’État malien, M. Wane a encouragé les parties à parvenir à un accord pour éviter des incidents inutiles, dont les conséquences, a-t-il prévenu, pourraient compliquer le processus de retrait, et compromettre sérieusement les perspectives de reprise de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
On peut déjà constater les conséquences néfastes du retrait précipité de la MINUSMA, s’est inquiété le Japon, tandis que la France a appelé le Conseil de sécurité à apporter son plein soutien aux efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour que la transition politique soit menée à son terme dans les délais agréés et permette l’avènement d’autorités civiles démocratiquement élues.
Préoccupé par le vide que pourrait créer le retrait de la MINUSMA, le Ghana, au nom des A3, a souligné la responsabilité de la médiation internationale dans le maintien de l’accord de paix, au travers du dialogue et de la coordination entre le Gouvernement de transition et les mouvements signataires. C’est essentiel pour atténuer tout impact négatif que le retrait de la MINUSMA pourrait avoir sur la poursuite de la mise en œuvre de l’accord de paix, a-t-il insisté.
À ce sujet, les États-Unis ont appelé le Gouvernement de transition et les mouvements signataires à revitaliser leur engagement en faveur de l’accord d’Alger, qui, à leurs yeux, constitue la meilleure solution pour la pérennisation de la paix. Pour soutenir les efforts de la médiation internationale, la Suisse a conseillé la mise en place d’un mécanisme d’accompagnement, avec « de préférence » une présence permanente sur place. L’Équateur et Malte ont appelé pour leur part au plein respect de l’accord sur le statut des forces jusqu’au départ définitif de la MINUSMA, tandis que le Royaume-Uni a conseillé au Conseil de sécurité de se tenir prêt à réviser le calendrier du retrait de la Mission. Un retrait précipité mettrait en péril l’accord d’Alger de 2015, ainsi que la vie des soldats de la paix, et aurait des implications sécuritaires pour l’ensemble de la région, a notamment argué la délégation.
Le représentant du Mali a toutefois souligné que la deuxième phase du transfert des tâches de la MINUSMA à l’État malien, qui commence dès le 1er septembre 2023 et qui, selon le Représentant spécial, sera « extrêmement difficile », doit s’exécuter suivant le chronogramme convenu. Si le Gouvernement malien est ouvert au dialogue pour régler pacifiquement les questions ponctuelles qui peuvent se poser, ce dernier tient au respect strict des délais convenus pour le transfert des camps de Tessalit, d’Aguelhok et de Kidal à l’État du Mali, et n’envisage pas de prolongation du départ de la Mission au-delà de la date du 31 décembre 2023, a-t-il tranché.
Le délégué a également exprimé sa « surprise » suite aux affirmations « sans fondement » contenues dans le rapport et faisant état de restrictions de vols et de limitations d’importations imposées à la MINUSMA. Ces affirmations sont contraires à l’esprit constructif et de coopération que le Gouvernement n’a cessé de manifester à l’égard de la MINUSMA, a-t-il regretté. Il a également soutenu que contrairement à certains passages du rapport d’étape, le Gouvernement du Mali a évalué avec beaucoup de « sérénité » le retrait de la MINUSMA et élaboré les mesures nécessaires pour faire face à tout éventuel vide sécuritaire qui y serait lié. Les forces armées maliennes sont prêtes à faire face à toutes les situations, y compris la remise anticipée des camps, comme ce fut le cas le 13 août 2023, a-t-il fait valoir.
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