Mali : lancement de la 14ème édition de la Biennale africaine de la photographie

Lancement de la 14ème édition de la Biennale africaine de la photographie. © Biennale africaine de la photographie

Cette 14ème édition marque les 30 ans de cet important rendez-vous culturel international que la capitale malienne abrite, chaque deux ans, depuis 1994. Le lancement officiel de cette manifestation culturelle a eu lieu, le vendredi 4 octobre, au Centre international de conférence de Bamako, présidé par le ministre de la culture, en présence de plusieurs diplomates et des acteurs culturels venus du monde entier.

La biennale africaine de la photographie se tiendra officiellement à Bamako, du 16 novembre 2024 au 16 janvier 2025. Le thème choisi cette année est « Kuma », la parole, selon le site d’information culturelle « Konexion culture », la parole était donc valablement représentée à cette cérémonie de lancement, à travers les “Nyamakala” (les griots).

Le vice-président du Recotrad, la faîtière des communicateurs traditionnels, a durant son allocution affirmé l’importance de la parole et de sa place dans la société, « la manière de prendre la parole afin de ne pas virer dans des dérapages qui peuvent faire naître des tensions entre les communautés. » Il a notamment tenu à faire un long plaidoyer en insistant sur le fait que la parole doit être donnée à ses détenteurs, c’est-à-dire aux griots. « Il y a trop de problèmes parce que les nobles sont en train de parler à la place des “Nyamakala”. Si la parole est redonnée aux “Nyamakala”, il y aura moins de tensions dans le pays », a-t-il indiqué.

Le commissaire général et directeur général de cette édition, Igo Lassana Diarra, estime que même si la photographie est un art muet, « d’un point de vue, on peut écouter le silence parlant de la photographie. Cette audition-là, nous invitons les uns et les autres à réfléchir là-dessus »

Il a illustré son point de vue par des exemples d’ œuvres photographiques où la parole est centrale, notamment  “la fameuse photo des jeux olympiques de 1968, où l’on voit les gens brandirent leurs poings en signe de révolte”. Pour lui, le choix de ce thème est aussi « un peu provocateur, il faut de la provocation pour faire avancer les idées. On a voulu transcender les thèmes classiques en choisissant ce mot. Je pense également que la parole a beaucoup d’importance en Afrique, elle a un côté sacré, comme on le dit très souvent, “au commencement était la parole”. Donc c’est aussi une recherche de mariage entre l’image et le verbe »

Le choix de ce thème n’était pas non plus anodin, car l’ambassadeur de cette 14ème édition n’est d’autre que le musicien et chanteur Salif Keita, dont l’une des chansons mythiques est « Kuma », la parole. Le commissaire général a précisé qu’après le choix du thème, son équipe a rejoint le chanteur pour qu’il associe « son nom et son image » à ce grand rendez-vous photographique, où la parole et l’image tenteront de communiquer, mais cette fois-ci en silence.

Les 30 ans de la biennale africaine

Bamako est désignée depuis plusieurs décennies comme la capitale africaine de la photographie. La capitale malienne doit cette renommée à cet évènement qui a été une opportunité pour de nombreux photographes africains et d’ailleurs de trouver leurs chemins. Ce lancement spécial a été une occasion de retracer les 30 années de cette rencontre autour de l’image.

La genèse des “Rencontres de Bamako” autour de la photographie remonte aux débuts des années 90 avec une première édition qui s’est tenue en 1994. L’édition qui a mis en avant de grands noms de la photographie africaine, avec des photographes venus d’Afrique du Sud, de l’île Maurice, de Madagascar, du Sénégal et de la Centrafrique.

Dans le cadre de la  14ème édition des « Rencontres de Bamako » qui se tiendra officiellement dans un mois, plusieurs sites sont déjà réservés pour accueillir les différentes activités, mais trois sont « hautement symboliques », selon les organisateurs, il s’agit du musée national du Mali, le musée du district et le Palais de la culture Amadou Hampaté Bâ.

Le Commissaire général et directeur artistique, a expliqué que « cette édition sera l’occasion, comme à chaque édition, de mettre en avant des photographes du Mali et d’ailleurs. » Il a notamment présenté certains d’entre eux en notifiant qu’ils sont, au total 81 photographes.

« Pour l’éternité, la photo reste la mémoire d’un instant, d’une époque, d’un geste et le témoin d’un présent qui se conjugue au futur. Nées en 1994, de la vision des hautes autorités de l’époque, les rencontres de Bamako sont aujourd’hui la principale manifestation artistique dans le domaine de la photographie sur le continent africain. » a déclaré le ministre de la culture, Andogoly Guindo.

Mohamed Camara / Malikonews.com

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