Dans un rapport publié, le 06 septembre, le Comité international de la Croix Rouge décrit la situation actuelle dont la zone fait face. Les inondations et les sécheresses extrêmes se multiplient et perturbent les cycles agricoles, à Ménaka et dans la région de « Liptako-gourma », selon le CICR.
L’organisation humanitaire, le CICR explique qu’en parallèle, « le conflit armé empêche la libre circulation des denrées, des semences et des animaux, perturbant gravement l’agriculture et l’élevage. Résultat : la nourriture se fait rare et les prix explosent, menaçant la sécurité alimentaire de la population. »
La région de Ménaka compte près de 58 000 personnes déplacées de force, sur un total d’environ 200 000 habitants. Le CICR rapporte dans son document que « l’accès aux denrées alimentaires des familles vulnérables résidentes comme déplacées connaît une baisse prononcée. La demande en céréales, en tubercules, en oléagineux mais aussi en protéines animales se fait pressante alors que le marché de Ménaka peine à être ravitaillé »
Selon Hamidou Dicko, le chargé de nutrition du centre de santé de référence soutenu par le CICR, et cité dans le rapport, « 734 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, dont 44 avec complications, ont été enregistrés au cours des deux derniers mois (juin-juillet 2024). De plus en plus de femmes enceintes et allaitantes sont également touchées. » Il précise également que « notre unité de récupération nutritionnelle travaille avec les communautés pour prendre en charge des cas de malnutrition sévère. Il y a aussi des campagnes de promotion des bonnes pratiques alimentaires pour les enfants et la distribution de suppléments nutritionnels couplée à un suivi médical rapproché ». Estimant que de « nombreux cas de malnutrition passent inaperçus faute de moyens de dépistage et d’accès aux soins adéquats. »
La population à la rescousse d’une mare
Le CICR a, par ailleurs, décrit dans sa note publique que les travaux de revitalisation d’une mare par la population de Ménaka, sont déjà en cours. « Sous un soleil de plomb et dans une chaleur étouffante, plus de 700 personnes évacuent sur le site d’une mare tarie des dizaines de mètres cubes de terre. A coups de pioche et de pelle, le travail est harassant mais vital pour la survie de Ménaka et de ses habitants », décrit la Croix rouge. Expliquant qu’en raison « d’une pluviométrie déficiente et irrégulière, il ne reste de cette mare qu’un patchwork de flaques éparses. Des dromadaires, des vaches et des chèvres s’y abreuvent sous l’œil de jeunes filles venues remplir des bidons pour les besoins de leur famille. »
Le CICR a aussi annoncé avoir mis en place « un projet communautaire consistant à retirer du fond de la mare 4000 mètres cubes de sable et d’argile pour augmenter d’autant la capacité de stockage d’eau. » Lorsque les travaux seront achevés, la mare devrait non seulement retenir l’eau trois à quatre mois supplémentaires, mais aussi prévenir les inondations en cas de crue.
Aux alentours de cette mare s’étendent des jardins maraîchers privés, à en croire le CICR. Bintou, mère de 5 enfants, est propriétaire d’un de ces jardins. Le rapport de l’organisation humanitaire indique qu’elle pratique « le maraîchage depuis des décennies. Aujourd’hui, comme plus de 300 familles à Ménaka, elle bénéficie du soutien du CICR. »
« Je produis de la tomate, du chou, du poivron, de la betterave, de la pomme de terre, de la pastèque, du melon et bien d’autres choses », explique Bintou avec satisfaction.
« Une partie de la production permet à mes enfants d’avoir des repas équilibrés et variés. Une autre partie est utilisée par le petit restaurant que je possède à côté. Le reste est vendu au marché. Et je peux même faire du fourrage pour mes animaux », a-t-elle souligné.
L’impact des conflits armés sur la sécurité alimentaire
L’organisation internationale engagée dans l’humanitaire a notamment rapporté dans son document que le conflit armé vient également compliquer la vie quotidienne des habitants de Ménaka et de la région. « L’insécurité compromet fortement les mouvements de personnes et de biens, et l’accès à la ville de Gao, où les maraîchers pouvaient trouver semences et intrants de qualité, est devenu problématique. Si les plus fortunés peuvent encore maintenir leur production en achetant au prix fort ce dont ils ont besoin, il n’en est pas de même pour beaucoup d’autres qui n’ont pas les mêmes moyens », peut-on lire dans le rapport.
« Nous soutenons les maraîchers de Ménaka depuis 2016. A leur demande, nous avons évalué les meilleures opportunités et nous avons ensuite distribué des semences de qualité, des outils agricoles, des clôtures et des pompes. La situation reste difficile car la production globale est en baisse et le coût de toutes les denrées alimentaires s’envole », a expliqué un agent agronome du CICR.
« Certains produits restent physiquement accessibles, mais leur prix excessif les met hors de portée de la majorité. Le sac de 100 kilos de mil est passé de 45 euros à 76 euros (de 35 milles FCFA à 45 milles FCFA), et le sac de 25 kilos de riz est passé de 23 euros à près de 50 euros (plus de 25 milles FCFA à plus de 32 milles FCFA », alerte la Croix Rouge.
L’organisation souligne que « de manière préoccupante, la combinaison des conséquences humanitaires découlant du conflit et du changement climatique occasionnent une insécurité alimentaire qui touche les plus vulnérables, principalement les enfants. »
Mohamed Camara / Malikonews.com