Mali : le gouvernement de transition reporte l’élection présidentielle censée avoir lieu en février 2024

Le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga. Photo : Présidence du Mali

Les dates initialement retenues du 4 et du 18 février 2024 pour les deux tours « connaîtront un léger report pour des raisons techniques », a dit un porte-parole.

Les autorités de la transition au Mali ont annoncé, lundi 25 septembre, le report de la présidentielle prévue en février 2024 et censée marquer le retour des civils à la tête de ce pays en proie au djihadisme et à une crise multidimensionnelle profonde. Il s’agit d’un nouvel ajournement de la part des colonels par rapport aux engagements pris sous la pression de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en vue d’un transfert du pouvoir.

Les dates initialement retenues du 4 et du 18 février 2024 pour les deux tours « connaîtront un léger report pour des raisons techniques », a dit le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, dans une déclaration lue devant des journalistes à Bamako.

Les autorités citent parmi ces « raisons techniques » des facteurs liés à l’adoption en 2023 d’une nouvelle Constitution et à la révision des listes électorales, mais aussi un litige avec une société française, Idemia, impliquée selon elles dans le processus au niveau du recensement. « Les nouvelles dates de l’élection présidentielle feront l’objet [d’un] communiqué ultérieurement », a précisé le gouvernement. Les autorités renoncent par ailleurs à organiser avant la présidentielle des législatives, initialement prévues à la fin de 2023.

« Sortir de la transition »

Le gouvernement « décide d’organiser, exclusivement, l’élection présidentielle pour sortir de la transition. Les autres élections feront certainement l’objet d’un autre chronogramme [calendrier] qui sera établi par les nouvelles autorités, sous les directives du nouveau président de la République », détaille le communiqué.

Auteurs de coups d’État successifs en août 2020 et mai 2021, les militaires s’étaient d’abord engagés à céder la place à des civils élus après des élections présidentielle et législatives initialement programmées en février 2022.

Mais la transition dirigée par le colonel Assimi Goïta avait finalement fait savoir à la fin de 2021 être dans l’incapacité de respecter le calendrier convenu avec la Cedeao. Elle avait même envisagé de se maintenir plusieurs années supplémentaires, le temps selon elle de mener les profondes réformes nécessaires.

Succession de coups d’État militaires en Afrique de l’Ouest

La Cedeao avait alors infligé, au début de 2022, de lourdes sanctions commerciales et financières qui avaient durement éprouvé le Mali, pays pauvre et enclavé. Elle les avait levées le mois de juillet suivant quand les colonels avaient consenti à partir en mars 2024, et avaient annoncé un calendrier électoral fixant la présidentielle à février 2024.

Le gouvernement avait aussi fixé à mars 2023 un référendum constitutionnel qui a finalement eu lieu en juin. Les détracteurs de la nouvelle Constitution la décrivent comme taillée sur mesure pour un maintien des colonels au pouvoir au-delà de la présidentielle.

Depuis la prise du pouvoir par les colonels maliens, l’Afrique de l’Ouest a vu se succéder les coups d’Etat militaires, au Burkina Faso et au Niger, pays également frappés par le djihadisme et la violence, mais aussi en Guinée. Dans tous ces pays, les militaires disent mener des « transitions » avant un retour à « l’ordre constitutionnel ».

La présidentielle malienne est différée alors que le pays reste en butte à la violence au centre et à l’est, et fait face dans le nord à une reprise des hostilités par les groupes séparatistes et une intensification des activités djihadistes. Les régions de Tombouctou et Gao ont été depuis août le théâtre d’une succession d’attaques contre les positions de l’armée malienne et contre les civils.

Le gouvernement de transition a poussé vers la sortie la force antidjihadiste française en 2022 et la mission de l’ONU en 2023. Elle s’est tournée politiquement et militairement vers la Russie. Le communiqué du gouvernement ne fait pas référence aux récents développements sécuritaires. Le chef de la junte entend « effectuer un retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé, après avoir mené des réformes politiques institutionnelles prioritaires ».

Avec AFP

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