L’ONG Human Rights Watch affirme dans un nouveau rapport que les jihadistes et les soldats maliens associés à des membres présumés du groupe Wagner ont tué au moins 175 civils, dont de nombreux enfants, au cours de cinq opérations entre avril et septembre au Mali. Alors que Bamako clame, le professionnalisme et le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international, de ses troupes.
Les Famas « ne sauraient en aucun cas, porter atteinte à l’intégrité physique d’un citoyen », car selon le patron de la Dirpa, elles sont des forces « professionnelles » et « respectueuses » des droits humains et du droit humanitaire international. Ce message a été rapporté par le Colonel Souleymane Dembélé, chef de la cellule de communication de l’armée malienne, lors de la conférence de presse de la Dirpa, le jeudi 02 novembre. Les autorités maliennes ont toujours balayé d’un revers de la main les allégations d’exactions contre les civils, portées par certains médias étrangers et des organismes de défense des droits de l’homme.
« La fiabilité (de ces rapports) reste à prouver et (sont le fait) de médias ou organisations non-gouvernementales notoirement partiaux et structurellement rattachés à des partenaires ouvertement hostiles au Mali », une réfutation formulée par la diplomatie malienne sur le rapport 2022 du département américain sur la pratique des droits de l’homme au Mali. Aussi, le gouvernement malien a « réfuté énergiquement les allégations tendant à faire croire que les opérations de lutte contre le terrorisme donnent lieu à un ciblage ethnique et que ces opérations impacteraient, de manière indiscriminée, des populations civiles, particulièrement dans leur frange vulnérable » dans un communiqué rendu publique le 24 juillet, contre une précédente accusation de Human rights watch sur des possibles violations des droits humains commises par l’armée malienne et ses « supplétifs russes du groupe Wagner ».
Observation du gouvernement malien au rapport de Hrw
Le gouvernement malien a dénoncé avec force « l’approche biaisée et sensationnaliste » du communiqué de Hrw. Bamako a réfuté les contenus de ce rapport dès « le titre de sa publication, qui met l’armée malienne au même rang » que les groupes islamistes armés. Une démarche de l’ONG posant des « doutes sérieux, non seulement sur l’objectivité de son analyse mais également sur la crédibilité de tous les faits allégués car ceux-ci ne tendraient qu’à étayer une ligne éditoriale clairement affichée d’emblée », affirme le long communiqué gouvernemental.
En outre, le gouvernement regrette la méthode de collecte d’information utilisée par Hrw, notamment les témoignages recueillis en utilisant des appels téléphoniques, auprès de « personne au courant des incidents, sans autre précautions de recoupement d’information ».
D’après les autorités maliennes, cette accusation de Hrw ne reflète « aucunement la réalité du terrain », et ce qui renforce « les doutes sur la crédibilité » de ces allégations portées par l’ONG de défense des droits humains, selon Bamako.
Un rapport fondé sur des entretiens téléphoniques entre aout et septembre
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda, est responsable de la mort d’au moins 135 civils dans deux attaques, dit l’organisation de défense des droits humains dans ce rapport. Selon Afp, HRW impute au GSIM l’attaque contre le ferry « le Tombouctou » naviguant sur le fleuve Niger le 7 septembre, qui a fait au moins 120 morts selon les témoignages recueillis par l’organisation.
Les soldats maliens et des hommes supposés appartenir à la société paramilitaire russe Wagner ont tué 40 civils dans trois opérations, dit Hrw dans son document.
Ce rapport est fondé sur des entretiens téléphoniques menés avec 40 personnes entre août et septembre, dit-elle. Ilaria Allegrozzi, chercheuse à HRW, a précisé que les chiffres rapportés ne concernaient que les cinq cas sur lesquels HRW s’est penché précisément et que le nombre de civils tués au cours de la période au Mali, pourrait être beaucoup plus élevé.
HRW dit avoir envoyé ses conclusions au gouvernement, sans obtenir de réponse. « Le gouvernement malien n’a pas pris de mesures adéquates pour protéger les civils dans les zones touchées par le conflit », dit HRW.
« Les meurtres ciblés de civils par les groupes islamistes armés et l’armée malienne constituent des crimes de guerre », dit-elle. Elle presse les autorités, de « mener d’urgence des enquêtes crédibles et impartiales » avec le soutien d’experts internationaux.
Les cas de Trabakoro et Sambani
Le Mali est livré aux violences des groupes armés affiliés à Al-Qaïda, mais aussi à l’organisation Etat islamique, aux agissements des milices dites d’autodéfense mais aussi au banditisme. Depuis fin août, les groupes armés séparatistes à dominante touareg ont repris les hostilités contre l’Etat central dans le nord.
Les membres de Wagner ont aussi été mis en cause depuis leur arrivée dans le pays en 2021. En outre, Bamako a nié toutes les accusations de violations des droits de l’homme que pourraient commettre ses troupes et leurs partenaires. Les autorités affirment la présence des « instructeurs russes » issu d’un partenariat « exemplaire » avec la Fédération de Russie.
Les autorités répondent veiller au respect des droits humains et diligenter des enquêtes s’il y a lieu. Elles dénoncent aussi des entreprises de désinformation.
« Il est aisément vérifiable que tous les cas d’allégation de violations des droits de l’homme (exécutions, enlèvements, tortures, disparitions forcées), par les forces armées maliennes, sur le théâtre des opérations, lorsqu’elles sont fondées en leur principe, font l’objet systématiquement d’enquête par les tribunaux militaires, en témoignent les nombreuses procédures pendantes devant les juridictions » a fait savoir la diplomatie malienne fin mars dernier dans un document en réponse au rapport du département américain jugé « biaisé » sur les violations des droits humains.
HRW s’est penchée en particulier sur les abus commis selon elle le 22 avril lors d’une opération de l’armée à Trabakoro, près de Nara (ouest), où les soldats maliens auraient été fréquemment attaqués par le GSIM.
A noter que les autorités maliennes ont toujours rejeté les allégations de violations des droits de l’homme formulées par les organismes internationaux de défense des droits humains. Selon eux, ces accusations sont motivées pour uniquement « saper le moral des forces armées et des paisibles populations ».
Mohamed Camara / Malikonews.com (avec AFP)