Me Drissa Traoré a tiré sa révérence, ce 11 mars à l’âge de 78 ans. L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats et président fondateur du PDP – parti pour la démocratie et le progrès, s’était éclipsé de la vie politique malienne depuis longtemps même si le virus du retour sur la scène politique, lui avait piqué en octobre 2018. Cet ardent défenseur des droits humains fait partie des figures de proue du mouvement démocratique.
« Il fut un temps où il était difficile de s’exprimer au Mali, de penser librement, d’inscrire son action politique dans un choix. Drissa Traoré s’est battu de façon désintéressée pour changer la situation et instaurer le pluralisme politique et la démocratie dans notre pays. Nous avons cheminé ensemble. Nous avons mené des combats nobles ensemble. Mais vous savez que les vrais combattants n’aiment pas trop se faire voir. Drissa Traoré est un de ces combattants », avait fait cet éloge, Dioncounda Traoré, l’ancien président de la transition, sur l’illustre disparu le jour où il avait décidé de faire son retour sur la scène politique.
Drissa Traoré est le président fondateur du Parti pour la démocratie et le progrès – PDP, et faisait partie de la délégation du comité de coordination des associations et organisations du mouvement démocratique qui avait affronté le régime de Moussa Traoré. En mars 1991, Drissa Traoré, était parmi les leaders d’associations qui avaient remis au président Traoré, une copie de la déclaration lors d’un meeting de l’Union nationale des travailleurs du Mali – UNTM. Dans laquelle, ces combattants de la liberté, réclamaient « la démission pure et simple du président Moussa Traoré » pour une ouverture démocratique partout au Mali. Aussi, dans cette déclaration, ils avaient réclamé la dissolution de l’Assemblée nationale, l’instauration du multipartisme etc…
Pourtant quelques décennies après la victoire démocratique, Drissa Traoré, s’était éclipsé de la vie politique malienne, mais il avait signé son retour au sein des abeilles en 2018, ce jour-là, il avait déclaré : « j’ai vécu des situations dramatiques et compromettantes, incompréhensibles. J’étais vraiment déçu et dégoûté de la pratique politique dans notre pays. Avec le conseil de certains camarades, j’ai changé de comportement et j’ai décidé de revenir à la politique. Je suis prêt pour le combat, enthousiasmé et engagé »
Engagement politique
En outre, il était le doyen de l’ordre des avocats du Mali depuis 2003, membre fondateur de l’association des jeunes avocats du Mali. Il a été Bâtonnier de l’ordre des avocats de 1989 à 1991. A l’instauration du pluralisme politique, il créa, en 1991, avec d’autres camarades, le PDP dont il fut le premier président. Ainsi, il avait été candidat aux premières élections présidentielles pluralistes et démocratiques du Mali en 1992. Il avait obtenu un score honorable, ce qui lui a permis d’entrer dans le premier gouvernement du président Konaré, en qualité de membre des Partis signataires du pacte républicain (PSPR). De 1991 à 1993, il avait été nommé ministre d’Etat chargé de la Justice et des droits de l’homme.
A rappeler que Me Drissa Traoré était titulaire d’une licence en Droit privé (Faculté de Droit d’Amiens, France) d’un certificat en criminologie de la Faculté de Droit de Tours (France) d’un autre certificat en Sciences criminelles de l’Institut de criminologie Paris Il (Panthéon-Sorbonne) et enfin d’un certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) du Barreau du Sénégal.
Né le 2 mai 1946 à Bamako, cet originaire de Bougouni était marié et père de cinq enfants.
Mohamed Camara / ©️ Malikonews.com