Dans un tweet en date de ce 28 février, le patron du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid, « Faso yiriwa ton » en bambara), Mountaga Tall, a déclaré qu’il n’y a pas de crise au sein du Mouvement du 05 juin-Rassemblement des forces patriotiques, et au Front pour la sauvegarde de la démocratie – FSD, qui l’ont pourtant suspendu « jusqu’à nouvel ordre ». Il a notamment qualifié dans son tweet, ces suspensions de « shows médiatiques pour ceux qui les prononcent et pure manipulation de leur mentor ».
Lancé le 6 octobre 2018, à Bamako, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) est une coalition de partis et d’associations qui se fixe comme « objectif stratégique » de lutter contre « les dérives du régime en place », il s’agissait du régime du président Ibrahim Boubacar Keita. Cette coalition politique initiée par le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018, feu Soumaïla Cissé, alors chef de fil de l’opposition, et plusieurs organisation politiques dont le Parena de Tiébilé Dramé, le Cnid-FYT de Mountaga Tall, le Mpr de Choguel Kokala Maiga, notamment, ambitionnait stratégiquement « de rassembler les forces vives, des partis et des mouvements politiques, des syndicats et des organisations populaires et celles de la diaspora, des personnalités et leaders d’opinion ainsi que des activistes pour sauvegarder la démocratie contre les dérives du régime en place ».
« Ces partis politiques vont désigner une douzaine de leurs dirigeants pour être à la direction du Front. Ensuite les mouvements politiques vont désigner une demi-douzaine de leurs dirigeants pour siéger à la direction générale du Front. Les syndicats désigneront leurs représentants ainsi que les organisations populaires », avait affirmé Tiébilé Dramé, le jour du lancement du FSD, en octobre 2018. Feu Soumaïla Cissé fut désigné comme président de la coalition jusqu’à son rapt en mars 2020.
Enlèvement de Soumaïla Cissé et la naissance du M5-RFP
Par ailleurs, suite à l’enlèvement de Soumaïla Cissé, par les djihadistes, au nord du pays en marge de la campagne électorale de législatives 2020, Choguel Kokalla Maïga, a été désigné comme le président intérimaire du FSD, en sa qualité du vice-président. La coalition a alors fait partie du triumvirat (CMAS, FSD, Espoir Mali-Kura) qui a fondé le M5-RFP, qui sera dirigé par le président intérimaire du FSD. Ce mouvement qui s’est transformé en un rassemblement hétéroclite quelques semaines après sa création, a animé des séries de manifestations entre juin et août 2020, pour réclamer la démission du président IBK.
Suite aux différents changements de pouvoir (putsch contre IBK, août 2020, et la “rectification” de la transition, en mai 2021), le mouvement a commencé à se diviser, jusqu’aux évènements de ces derniers jours où le camp dirigé par l’actuel chef du gouvernement, est confronté à une division à son sein.
Du rififi au sein du mouvement M5-RFP
Ce samedi 24 février a été, notamment, agité au sein du mouvement du 5 juin rassemblée des forces patriotiques. A l’issue d’une réunion tenue le vendredi 23 février, les participants ont décidé de mettre un terme avec ‘’effet immédiat’’ à la mission de Bouba K. Traoré comme vice-président du comité stratégique. Ils en ont désigné à titre d’intérimaire l’imam Oumarou Diarra, à sa place jusqu’à nouvel ordre. Cette décision a été suivie des suspensions au sein des organisations qui constituent le M5-RFP, notamment le FSD qui a suspendu trois personnes, dont Mountaga Tall.
Le comité stratégique du M5-RFP, mouvance Oumarou Diarra, dont fait partie le patron du CNID-FYT, a demandé à Choguel K. Maiga de ‘’sortir de son mutisme’’, à l’issue d’une rencontre, ce 26 février.
En outre, la réaction de Mountaga Tall, était attendu suite à ces séries d’évènement au sein du mouvement dont il est membre, il a alors préféré s’exprimer à travers un tweet sur X (ancien Twitter) ce 28 février, où il a d’abord qualifié ses suspensions du M5-RFP et du FSD de « shows médiatiques pour ceux qui les prononcent et pure manipulation de leur mentor, qui, avec seulement 2 ou 3 entités sur 11 peut suspendre ou exclure ceux qui constituent la majorité absolue. Et qui, plus est, ont la vérité avec eux. Laquelle ne tardera pas à éclater et les Maliens seront édifiés. Inch’Allah ! ».
Il a ainsi affirmé que, « chacun doit désormais s’assumer à visage découvert ou assumer les conséquences de ses actes », tout en précisant qu’il n’y a “pas du tout” de crise au sein du M5-RFP et au FSD.
Mohamed Camara / ©️ Malikonews.com