Mali : construction de centrales nucléaires, un projet « ambitieux mais pas immédiat »

centrales nucléaires au Mali
Le russe Rosatom lance la construction de la première centrale nucléaire d'Egypte. © AP

Le gouvernement malien a signé avec la société nationale russe pour l’énergie atomique, Rosatom un mémorandum d’entente pour la construction de quatre (4) centrales nucléaires d’une capacité de 55 mégawatts chacune. La décision a été annoncée lors de la mission d’une délégation de haut niveau à Moscou, en marge de la semaine russe de l’énergie tenue du 11 au 13 octobre 2023. Que peut-on attendre de ce projet ? Quels sont ses enjeux ? Quelle est sa faisabilité ? Focus sur le projet de réalisation de quatre (4) centrales nucléaires au Mali.

La nouvelle a eu un effet boule de neige. Pour résoudre le problème énergétique, le Mali a misé grand. Il a annoncé la construction de quatre (4) centrales nucléaires civiles. Comme pour dire que le partenariat Mali-Russie s’annonce sous de bons auspices. Les deux parties ont conclu un accord en octobre pour la construction de quatre (4) centrales nucléaires de 55 mégawatts chacune. Le Mali a un gap de production d’électricité d’environ 200 mégawatts et la construction de ces centrales permet d’assurer la couverture de ce gap et d’assurer « son indépendance énergétique à partir de l’énergie nucléaire ».

Pour s’assurer de la mise en œuvre du mémorandum d’entente signé avec la société nationale russe, Rosatom et de poursuivre les échanges et les négociations sur la mise en œuvre et l’opérationnalisation des engagements pris par les entreprises d’État russes lors de la mission du 09 au 18 octobre 2023, une délégation a été dépêchée à Moscou du 12 au 19 novembre dernier.

Cette mission avait également pour objectif de mettre en relation les équipes techniques, et des techniciens russes sont attendus en décembre prochain à Bamako pour une mission « d’études de terrain ».

Qu’est-ce qu’une centrale nucléaire ?

Selon une définition générale, la centrale nucléaire est une usine de production d’électricité. Ce sont des centrales thermiques dont la source de chaleur est l’énergie dégagée par la fission d’un matériau nucléaire, le combustible. Cette chaleur est transformée en énergie mécanique, puis électrique.

Elle permet de produire de l’électricité avec les centrales électronucléaires, grâce à la chaleur dégagée par la fission d’atomes d’uranium.

L’énergie nucléaire est produite à partir d’uranium. « C’est une énergie décarbonée qui n’est pas renouvelable. Elle ne produit pas d’émission de gaz à effet de serre, mais elle produit des déchets radioactifs », selon les experts.

Il est difficile d’affirmer le coût pour la construction d’une centrale quand on ne connaît pas les termes d’engagements des deux parties paraphés dans le mémorandum d’entente. Cependant selon une chercheure interrogée par nos confrères de TV5 chaîne francophone, « le coût primaire, incluant la construction d’infrastructures type routes et logements indispensables au fonctionnement de la centrale atteint les 30 milliards d’euros pour 15 ans de travaux. Le coût et le temps total sont encore plus élevés s’ils incluent la formation d’ingénieurs, l’acheminement et le transport sur des lignes à haute tension ».

L’énergie nucléaire, une alternative ?

Selon toujours  les experts, le Mali a tous les atouts pour construire les centrales nucléaires civiles. « Elles sont alimentées par l’uranium enrichi. Et le Mali en dispose environ 12.000 tonnes », à en croire les résultats d’une étude de l’agence pour l’énergie nucléaire.

Si le Mali dispose cette potentialité, force est de rappeler que, « l’énergie nucléaire n’est pas une solution immédiate aux problèmes auxquels l’énergie du Mali (EDM° est confrontée », nous explique Bagui Diarra, expert énergétique. La construction d’une centrale varie en six (6) et huit (8) ans à l’échelle mondiale, « la situation sécuritaire au Mali n’arrange pas les choses. Si en temps normal, ça peut prendre 6 ans, dans le contexte malien peut prendre 10 ans au moins », explique l’expert.

Pour Bagui Diarra, « penser à faire un pas vers le nucléaire est juste une question géostratégique si non ça ne résout pas les problèmes actuels ». Pour lui, « le nucléaire ne peut pas dominer notre mix énergétique, il faut aller vers l’énergie solaire, éolienne et hydraulique ».

La Faisabilité d’une centrale nucléaire

Il est important de signaler que ce projet est à un stade de mémorandum d’entente, « c’est un cadre formel que deux parties se donnent pour pouvoir chercher à mettre en œuvre  un projet », définit le projet M. Diarra.

L’Afrique ne compte qu’une centrale nucléaire située au Cap Town en Afrique sud « avec deux réacteurs de 900 mégas chacun et une deuxième en construction en Egypte depuis 2017. Cela sous-entend que la construction d’une centrale prend énormément du temps. Notre expert nous déclare que la Russie est un partenaire sûr, « l’opérateur nucléaire rosatom maîtrise de la technique nucléaire mais dans l’immédiat, il ne peut pas être à mesure de mettre à la disposition du Mali une centrale nucléaire pouvant permettre de répondre aux besoins ».

A. M. Tembely / Malikonews.com

 

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