Dans un rapport rendu public, le 05 juillet, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Centre sur la migration mixte (CMM), ont alerté sur les risques « horribles » dont les migrants sur la route de la méditerranée sont confrontés. Parmi ces risques, les trois organisations onusiennes ont notamment cité dans leur document, la torture, la détention arbitraire, l’enlèvement contre rançon, l’exploitation sexuelle, le travail forcé, les expulsions collectives.
« De plus en plus de migrants et de réfugiés se lancent dans des voyages dangereux à travers l’Afrique vers les rives méridionales de la Méditerranée au cours desquels ils sont confrontés à des risques croissants d’abus », avait alerté un rapport des Nations Unies.
Environ un migrant sur cinq (18 %) a déclaré craindre un enlèvement et un nombre croissant craint des violences sexuelles (15 %), selon l’enquête menée par les experts de l’Onu. Estimant que des centaines de personnes ont été victimes de trafiquants d’organes, soit en les vendant pour survivre, soit en se faisant voler. « La plupart du temps, les personnes sont droguées et l’organe est prélevé sans leur consentement », a déclaré un expert des Nations unies.
Vincent Cochetel, Envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée occidentale et centrale, avait souligné lors d’un point de presse à Genève que « si les migrants ont cité les passeurs parmi leurs agresseurs, ils ont également cité des gangs criminels et des fonctionnaires d’Etat tels que la police et les gardes-frontières qui, dans certains cas, ont abandonné les migrants de l’autre côté de leurs frontières »
Les témoignages de ce rapport, sont basés sur « des entretiens avec plus de 30.000 migrants et réfugiés entre 2020 et 2023, montrent que les vivants, les morts et les malades étaient abandonnés dans le désert », selon le document.
Les plus grands risques
Les trois organisations de l’ONU ont noté dans leur document qu’au cours de « la période 2021-2024 (jusqu’en mai), 1.031 réfugiés et migrants seraient morts en traversant le désert, dont plus de 40 % à la suite d’accidents de la route, près de 25 % en raison de conditions environnementales difficiles, notamment l’exposition, la déshydratation et la famine, et 12 % en raison de la violence. » Tout en précisant qu’à la même période plus de 8.300 personnes sont mortes ou portées disparues lors de la traversée de la mer méditerranée, dont presque toutes (94 %) s’étant noyées.
Les experts onusiens estiment dans leur rapport que les sentiers traversant le Sahara vers le nord depuis l’Afrique de l’ouest et de l’Est, seraient «deux fois plus meurtrières que la route maritime de la Méditerranée centrale, mieux documentée. La traversée du désert du Sahara – y compris des endroits tels que Sabha en Libye, Agadez au Niger et Tamanrasset en Algérie – est sans aucun doute reconnue comme un segment dangereux du voyage.»
« D’autres zones dangereuses sont Tripoli en Libye, Khartoum au Soudan, […] et plusieurs autres endroits le long de la route. Téra, au Niger, a été identifié comme un endroit beaucoup plus dangereux que dans le rapport précédent, tandis que Douentza, au Mali, et Humera, en Éthiopie, sont apparus comme de nouveaux endroits à risque », a-t-on appris dans ce document.
La guerre au Soudan
Suite à l’éclatement de la guerre civile au Soudan, cette zone de l’Afrique du nord est devenue « un endroit encore plus difficile à traverser, les gens devenant plus dépendants des passeurs pour un passage sûr à travers et autour des zones de conflit, ce qui entraîne une augmentation des frais et des arrangements potentiellement plus exploitants » selon le rapport.
Le document explique également que dans certaines parties du continent, « les réfugiés et les migrants traversent de plus en plus souvent des zones où opèrent des groupes d’insurgés, des milices et d’autres acteurs criminels, et où la traite des êtres humains, les enlèvements contre rançon, le travail forcé et l’exploitation sexuelle sont monnaie courante. »
Mohamed Camara / Malikonews.com