Ce 28 mars, durant son intervention devant le conseil des droits de l’homme à Genève, le garde des sceaux, Mamadou Kassogué, a qualifié le rapport de l’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Alioune Tine, de rapport « essentiellement à charge sur la base d’informations non recoupées et exagérément alarmantes ». M. Tine avait notamment fait part de ses préoccupations sur un verrouillage sévère de l’espace civique, suite à la série de dissolutions de certains mouvements politiques et d’organisations de la société civile.
Selon Alioune Tine, l’expert indépendant des Nations-unies mandaté sur la situation des droits de l’homme au Mali, « entre 2022 et 2023, les violations et atteintes aux droits humains ont augmenté de 85%. Dans le même temps, les abus et atteintes au droit à la vie ont augmenté de 27%; et les cas de violences basées sur le genre documentés ont augmenté de 12% »
Il a ensuite estimé qu’entre « novembre et décembre 2023, le nombre d’écoles fermées pour cause d’insécurité/de crise humanitaire a augmenté de 2,59%. Cette situation prive près de 495.000 enfants de leur droit à l’éducation, une véritable bombe sociale à l’horizon ».
« Je note, entre autres, avec préoccupation la dissolution depuis décembre 2023 de plusieurs organisations de la société civile par le gouvernement du Mali », a affirmé M. Tine, qui présentait son dernier rapport en sa qualité d’expert indépendant.
“ Entre 2022 et 2023, les abus ont augmenté de 85%. Depuis décembre 2023, au moins quatre organisations ont été dissoutes, notamment la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS) et l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali”
Suite à cette situation, l’expert indépendant a exhorté les autorités maliennes à garantir le plein respect et la protection de la liberté d’expression et d’opinion, de presse, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association, conformément à la constitution et aux lois du pays.
Réaction du garde des sceaux
Présent à la même réunion de la 55ème session du conseil des droits de l’homme, à Genève, le ministre de la justice, représentant le Mali, a réagi contre le rapport de l’expert onusien, qui se base, selon lui, sur des informations non recoupées.
Concernant les accusations de l’expert sur le verrouillage de l’espace civique, le ministre Kassogué réagit : « la liberté d’expression et la liberté d’opinion ont toujours été des droits constitutionnels garantis au Mali. Leur exercice devrait toutefois être encadré, comme partout ailleurs, conformément aux lois du pays. »
Sur le fond, le rapport fait état d’un « défi persistant de la lutte contre l’impunité », a-t-il noté. Avant de révéler à ce sujet « la volonté et la détermination des autorités à y mettre fin ». Tout en détaillant les nombreuses mesures prises dans ce sens.
Concernant la situation dans les régions du centre et du nord du pays, il a indiqué dans son discours que « les services sociaux de base ont commencé à se redéployer dans plusieurs zones, à la faveur de la montée en puissance des forces armées maliennes. »
Après avoir formulé la volonté des autorités maliennes de promouvoir les droits de l’homme « dans le strict respect de sa souveraineté », le ministre Kassogué, a réitéré l’engagement de Bamako, de continuer à soutenir « le mandat de l’expert indépendant et l’encourage à inscrire sa démarche dans une dynamique objective et constructive »
Mohamed Camara / ©️ Malikonews.com