L’organisation onusienne pour les réfugiés (HCR) s’est inquiétée, vendredi 07 juin, de la crise humanitaire « négligée » qui se développe « rapidement » dans la région du Sahel. Elle a estimé que dans les pays du Sahel central (Burkina Faso, Mali et Niger), « plus de 3,3 millions de personnes sont déplacées de force en raison de conflits incessants, exacerbés par l’aggravation des effets de la crise climatique, selon les données d’avril 2024. » L’Agence onusienne pour les réfugiés a notamment besoin de plus de 443 millions de dollars pour couvrir les besoins humanitaires “urgents” dans la zone.
Alpha Seydi Ba, porte-parole du Bureau régional du HCR en Afrique de l’Ouest et Centrale, avait déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève que « ce nombre impressionnant de civils déplacés de force exige une action internationale immédiate pour éviter qu’il ne s’aggrave »
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), “la situation sécuritaire dans le Sahel central est instable, forçant les gens à fuir leurs maisons à la recherche de sécurité et de protection. Les risques de protection sont très répandus.”
« Les données d’enquête du premier trimestre 2024 montrent que les communautés déplacées de force et les communautés d’accueil perçoivent les vols, les attaques contre les civils et la violence sexiste comme les principaux risques. Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables à l’exploitation, aux abus et à la traite », a indiqué le HCR dans son rapport. Avant de rapporter qu’alors que « 2,8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Burkina Faso, du Mali et du Niger au cours des quatre dernières années, le nombre de réfugiés en provenance de ces trois pays a grimpé à 550.000 au cours de la même période. »
Concernant le Burkina Faso, l’Agence des nations unies pour les réfugiés a mis en garde contre « la double menace de la violence et des conditions de vie inadéquates perpétue un cycle de fragilité. Au cours de l’année écoulée, l’exode des réfugiés burkinabés a été important, avec plus de 117.000 arrivées dans les pays côtiers voisins, selon un décompte effectué en avril 2024 »
«Il y a actuellement plus de 200.000 réfugiés maliens en Mauritanie, 130.000 au Niger et près de 40.000 au Burkina Faso, ainsi que 50.000 qui ont fui vers l’Algérie mais n’ont pas accès aux procédures d’asile » a écrit le HCR. Tout en précisant dans le même temps que « le Mali accueille environ 94.000 réfugiés, principalement originaires du Burkina Faso, du Niger et de Mauritanie, tout en étant confrontés à plus de 354.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays. »
La plaidoirie du HCR
Le Haut-Commissariat pour les réfugiés a plaidé, vendredi, auprès de la communauté internationale « pour maintenir l’aide pendant l’instabilité politique dans la région du Sahel afin d’éviter d’exacerber les problèmes existants et d’augmenter la probabilité de crises futures ». En appelant « à investir dans les systèmes sociaux et de protection essentiels, ainsi qu’à soutenir les communautés avant qu’elles ne soient forcées de se déplacer »
Après avoir annoncé que « l’augmentation des mouvements transfrontaliers souligne l’aggravation de la crise et la nécessité de répondre aux besoins du Sahel en investissant dans la protection, l’assistance et les solutions durables. Des efforts considérables sont entrepris, mais il reste encore beaucoup à faire »
Le HCR a besoin de « plus de 443 millions de dollars pour couvrir les besoins humanitaires urgents » au Burkina Faso, au Mali, au Niger, en Mauritanie et dans les pays du Golfe de Guinée.
Il s’agit également « d’envisager une approche conjointe entre les acteurs de l’humanitaire, du développement et de la paix, tout en redirigeant les fonds vers les organisations locales qui travaillent activement sur le terrain, pour une réponse plus efficace aux besoins », selon HCR.
Mohamed Camara / Malikonews.com