Le conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2023 au titre de l’article IV avec le Mali

Siège du FMI, à Washington. Photo d'illustration

Washington. Le conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV [1] avec le Mali et avalisé l’évaluation des services du FMI.

L’économie du Mali a été secouée par de multiples chocs depuis 2020, mais est restée résiliente en 2022 dans un contexte d’inflation élevée. La croissance du PIB réel est passée de 3,1 % en 2021 à 3,7 % en 2022, malgré de grandes difficultés rencontrées sur les plans sécuritaire et sociopolitique, l’imposition de sanctions régionales au premier semestre 2022 et une forte incidence de l’insécurité alimentaire. Avec de bons résultats au niveau de la production agricole et aurifère, la croissance devrait remonter à plus de 5 % en 2023 et 2024. Cependant, d’importants risques baissiers pèsent sur les perspectives économiques, comme la détérioration de la situation sécuritaire, des retards éventuels dans les élections, la volatilité des prix internationaux des produits de base, un resserrement des conditions financières mondiales ou encore les risques liés au climat. L’inflation a atteint 10 % en 2022, sous l’effet des chocs engendrés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et par les sanctions régionales qui ont affecté les prix de l’énergie et des denrées alimentaires, mais devrait baisser à 5 % en 2023 et à 2 % en 2024 avec la baisse des prix mondiaux dans ces deux secteurs.

Le déficit budgétaire de l’État, qui se situe juste en dessous de 5 % du PIB en 2022, reflète une augmentation rapide des dépenses de sécurité, des salaires de la fonction publique et de la facture des intérêts, qui évincent les dépenses favorables à la croissance, notamment celles liées au dispositif de protection sociale et aux investissements en capital. Le Mali fait face à un durcissement des conditions de financement. Cela s’explique par le manque d’aide budgétaire extérieure (suspendue après les deux coups d’État intervenus en 2020 et 2021, et qui ne devrait pas reprendre avant la tenue des élections en 2024) et la hausse des taux d’intérêt mondiaux. Le resserrement des conditions de financement sur le marché régional pose des risques supplémentaires.

Le déficit courant du Mali s’est légèrement amélioré en 2022, tombant à 6,9 % du PIB contre 7,5 % en 2021, en raison de la hausse des exportations d’or et de la baisse des importations de biens d’équipement. À moyen terme, le déficit courant baissera en dessous de 4 % du PIB en raison du dynamisme des exportations d’or et de produits agricoles.

À l’issue de la discussion du conseil d’administration, M. Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration suivante :

«Les administrateurs ont souscrit à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils ont reconnu que le Mali a été frappé par plusieurs chocs ces trois dernières années, ainsi qu’un embargo au premier semestre de 2022, qui ont eu des répercussions négatives, notamment sur la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Néanmoins, l’économie malienne s’est montrée relativement résiliente en 2022, en partie grâce à des politiques judicieuses. À l’avenir, il reste de grands défis à relever, alors que la dette publique malienne a nettement augmenté dans un contexte de durcissement des conditions de financement et de risques baissiers entourant les perspectives. Les administrateurs ont souligné qu’un ajustement budgétaire et la mise en œuvre résolue de réformes améliorant la gouvernance, entre autres, sont essentiels pour renforcer la confiance, augmenter la croissance économique et réduire la pauvreté. Les administrateurs ont mis l’accent sur l’importance de l’aide au développement des capacités, ainsi que des démarches pour renouer avec les partenaires internationaux et soutenir l’agenda des réformes. Un approfondissement rapide des relations avec le Fonds, notamment par le guichet de financement des ripostes aux chocs alimentaires, pourrait également être bénéfique.

« Les administrateurs ont encouragé les autorités à mettre en œuvre une consolidation budgétaire ambitieuse pour réduire le déficit à court terme et le ramener en dessous de 3 % du PIB d’ici à 2025, tout en préservant les dépenses en capital favorables à la croissance. Ils ont recommandé une plus grande mobilisation des recettes intérieures, une maîtrise de la masse salariale du secteur public, qui croît rapidement, et une amélioration de l’efficacité et de la gestion des dépenses publiques. Augmenter la performance financière et la transparence des entreprises publiques est essentiel. Alors que la pauvreté et l’insécurité alimentaire augmentent au Mali, les administrateurs ont souligné l’importance de protéger les membres les plus vulnérables de la société. Ils ont recommandé de redéfinir les priorités sur le plan des dépenses sociales, de renforcer les dispositifs de sécurité sociale et d’intensifier les mesures ciblées tout en supprimant progressivement les subventions non-ciblées.

« Les administrateurs ont insisté sur l’importance de créer les conditions propices à une croissance durable à long terme. Ils ont noté la nécessite de remédier aux faiblesses en matière de gouvernance et de lutter contre la corruption, notamment en renforçant le régime de déclaration de patrimoine et en améliorant la transparence des marchés publics et de l’industrie minière. Ils ont par ailleurs encouragé les autorités à améliorer le climat des affaires, à renforcer le cadre de LBC/FT et à réformer les systèmes d’éducation et de santé pour améliorer également l’égalité entre les sexes. Accroître la résilience du pays au changement climatique sera également important. »

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