Le président du comité de pilotage du dialogue endogène entre les maliens, avait informé ce début de semaine de ses rencontres successives avec les forces vives de la nation, durant toute cette semaine. Après des entretiens avec plusieurs couches de la société malienne, Ousmane Issoufou Maiga, a rencontré parallèlement, ce jeudi 4 mars, les présidents des partis politiques et les membres du conseil national de transition, l’organe qui fait office de parlement. L’objectif est toujours le même: mettre à la disposition des participants les termes de référence – TDR et ses notes techniques, et partager les informations sur le comité chargé de diriger cette concertation, avant de recueillir les avis et les propositions des forces vives en retour.
Lors de son discours du nouvel an, le président Goita avait pris l’option de « privilégier l’appropriation nationale du processus de paix. En donnant toutes ses chances à un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation afin d’éliminer les racines des conflits communautaire et intercommunautaire ». Il avait notamment précisé que cette décision du dialogue inter malien avait déjà été partagée avec les différents acteurs nationaux et internationaux concernés, dès l’entame de retrait de la mission onusienne. Le patron de la transition avait estimé que cela exige de « nous, maliennes et maliens, que nous nous donnions la main, afin de reconstruire notre pays et assurer la cohésion nationale ». Avant de souligner que « l’unicité, la laïcité de l’État et l’intégrité territoriale, ne feront pas partie des sujets de discussions » durant ce dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation.
Il avait ensuite évoqué la mise en place d’un comité devant piloter ce dialogue, dont son installation a été faite en février et qui a déjà entamé ses travaux préliminaires, notamment avec la validation des termes de référence à travers un atelier national de validation dont le rapport a été remis au président de la transition en mars, jusqu’à ses rencontres successives avec les forces vives du pays.
Tout ce récit a été rappelé par le président du comité de pilotage du dialogue, aux chefs des partis politiques du pays, ce jeudi, en présence plusieurs membres du gouvernement, notamment son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maiga.Le Colonel Maïga, a soutenu que « le dialogue inter-maliens décidé par le chef de l’Etat est sa volonté de laver le linge sale en famille. »
Il a notamment reconnu durant son allocution que « ce dialogue est précédé d’autres initiatives de réconciliation et de paix dans notre pays qui n’ont pas eu les effets escomptés » Pour lui, la fin de l’Accord d’Alger en janvier dernier « nous oblige à nous accrocher avec l’énergie du désespoir à cette initiative salvatrice du dialogue direct inter-maliens.»
M. Maiga a également félicité le comité de pilotage pour son initiative de rencontrer l’ensemble des forces vives de la nation, tout en soutenant que « la seule initiative que nous avons pour sortir définitivement notre pays du cycle de violence, de haine, d’intolérance est le dialogue inter-maliens. » Tout comme le président du comité de pilotage, le porte-parole du gouvernement, a appelé les partis politiques à mobiliser leurs militants pour ce rendez-vous. Selon lui, “le pays a besoin de vos idées, remarques, observations pour sceller définitivement la paix dans notre pays et sortir de ce cycle de violence.”
Un dialogue de trop ?
Certains participants ont, en outre, fait part de leurs inquiétudes sur ce dialogue, qui ne serait qu’un dialogue de plus, d’autres ont, entre autres, recommandé d’élargir le dialogue aux chefs terroristes comme lyad Ag Ghali, Amadou Koufa, aux exilés politiques, au nom du pardon et de la justice sociale.
« Il est important de parler à tous les maliens sans exclusive. Parler aux dirigeant de la Katiba de Macina, notamment l’imam Amadou Koufa, pour ce qui concerne le nord, il paraît important que vous imaginez ce qui peut être fait pour établir de passerelle avec Iyad Ag Ali et son groupe », a réagi l’ancien chef de la diplomatie du président IBK, et patron du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé. Avant d’indiquer que « dans cette même dynamique, les personnalités du nord comme Mohamed Ag Intalla, comme Ahmada Ag Bibi, comme Alghabass Ag Intalla, comme Anounou Ould Hely, comme Ibrahim Ould Handa, toutes ces personnalités-là doivent faire partie du programme du dialogue inter-malien pour panser les plaies »
« Se dire et redire que l’entrée de nos forces à Kidal est une étape extrêmement importante vers la réunification de notre pays après tant d’années. L’installation du gouverneur par l’Etat malien, est aussi une étape extrêmement importante pour la réunification de notre pays. Mais qu’il me paraît important justement d’avoir ces deux acquis à main pour élargir le champ du dialogue, en vue de la réconciliation nationale, en vue de la cohésion nationale à tous les autres », a proposé le patron du Parena durant son intervention.
Pour sa part, la 5è vice-présidente du CNT, Mme Diarra Racky Talla, a réitéré le soutien indéfectible de l’organe législatif à la décision prise par le chef de l’État d’initier un dialogue inter-maliens. Tout en appréciant la démarche «plus qu’inclusive» du comité du pilotage, avant de promettre l’accompagnement de son institution pour cette concertation dite purement malienne.
Mohamed Camara / ©️ Malikonews.com