«L’Afrique peut nourrir le monde, mais doit d’abord se nourrir» (FAO)

«L’Afrique peut nourrir le monde, mais doit d’abord se nourrir» (FAO). ©️DR

À l’occasion du Forum Africa Food Systems, organisé à Diamniadio, le Sous-Directeur général de la FAO et Représentant régional pour l’Afrique, Abebe Haile-Gabriel, revient pour APA sur les défis et opportunités liés à la transformation des systèmes agroalimentaires sur le continent, appelant à une mobilisation collective, au-delà des gouvernements, pour sortir le continent de la spirale de la faim et de la dépendance alimentaire.

Ce forum sur les systèmes alimentaires africains, qu’apporte-t-il concrètement à la transformation agricole du continent ?

Ce forum est une plateforme unique. Il réunit les gouvernements, le secteur privé, les jeunes, les femmes et les partenaires techniques pour évaluer les progrès réalisés et identifier les leviers d’action. C’est un espace de dialogue stratégique pour repenser l’avenir de l’agriculture africaine.

Malgré les engagements politiques, l’insécurité alimentaire persiste. Où se situe le blocage ?

L’Afrique dispose du CAADP, un cadre continental ambitieux pour le développement agricole. Mais l’implémentation reste faible. Les politiques sont là, mais sans action concrète, les objectifs resteront lettre morte.

Les conflits et le climat sont souvent cités comme facteurs aggravants. Quelle est leur réelle incidence ?

Les conflits prolongés déplacent les populations rurales, détruisent les moyens de production et rendent les communautés dépendantes de l’aide alimentaire. À cela s’ajoutent les chocs climatiques – sécheresses, inondations – qui agissent de manière simultanée et cumulative. C’est un cocktail explosif.

Peut-on vraiment transformer les systèmes alimentaires sans une volonté politique forte ?

Les gouvernements sont essentiels, mais ils ne peuvent pas tout faire. Les producteurs, les jeunes, les consommateurs, le secteur privé… chacun doit prendre sa part de responsabilité. L’implémentation ne peut reposer uniquement sur les États.

Vous insistez sur le rôle des jeunes. Pourquoi sont-ils si stratégiques ?

Les jeunes sont plus éduqués, tournés vers la technologie. Ils peuvent impulser une agriculture innovante. Nous les soutenons à travers des programmes de renforcement des compétences, d’accès au financement et à la terre. Le Forum mondial de l’alimentation leur donne une voix et les connecte aux investisseurs.

L’Afrique importe pour des milliards de dollars de denrées chaque année. Est-ce une fatalité ?

Non. Nous importons du riz, du poisson, du lait… des produits que nous pouvons produire localement. Ce marché intérieur est une opportunité pour créer des emplois et renforcer notre souveraineté alimentaire.

Quelle vision portez-vous pour une agriculture africaine résiliente ?

Il faut changer de mentalité. Travailler directement avec les producteurs ruraux, les vrais acteurs du système. La transformation doit être inclusive, résiliente et durable. Elle doit garantir une meilleure production, une meilleure alimentation, un meilleur environnement et une meilleure vie – sans laisser personne de côté.

Avec APANEWS

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