La reprise économique en Afrique reste fragile, prévient la Banque mondiale

Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. © DR
Si la croissance africaine devrait rebondir en 2024, la reprise reste fragile et son rythme trop lent pour avoir un effet significatif sur la réduction de la pauvreté, prévient la Banque mondiale (BM) dans un rapport publié lundi.La BM prévoit une croissance de 3,4% en 2024 et de 3,8% en 2025, pour l’Afrique subsaharienne. Un progrès par rapport au « point bas » atteint en 2023 (+2,6%), mais une reprise qui reste « précaire » affirme l’institution dans son rapport « Africa Pulse ».L’inflation a diminué dans la plupart des économies africaines par rapport à l’an dernier – passant en moyenne de 7,1% à 5,1% – mais reste à des niveaux plus élevés qu’avant le Covid.D’autres facteurs expliquent également cette timide reprise, à commencer par des niveaux d’endettement « insoutenables » dans plusieurs pays, indique-t-elle, citant par exemple la situation de surendettement au Ghana en 2023.

« Les obligations croissantes liées au service de la dette créent des problèmes de liquidité et évincent les dépenses de développement », précise la BM, qui rappelle aussi que les « emprunts extérieurs sont plus coûteux qu’avant la pandémie ».

Citant « l’escalade des conflits et de la violence » dans plusieurs pays, comme « obstacles à la croissance », l’institution met aussi en garde contre le « risque de contagion des coups d’État » qui « ont un impact significatif sur la confiance des investisseurs ».

Depuis 2020, le continent a connu plusieurs coups d’Etat militaires, les deux derniers en date ayant eu lieu au Niger et au Gabon l’an dernier.

De plus, selon la Banque Mondiale, le rythme de croissance du continent reste « lent et insuffisant pour avoir un effet significatif sur la réduction de la pauvreté », en raison notamment des inégalités structurelles.

« Une croissance du PIB par habitant de 1 % est associée à une réduction du taux d’extrême pauvreté d’environ 1 % seulement dans la région, contre 2,5 % en moyenne dans le reste du monde », précise Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique.

L’institution préconise donc de s’attaquer aux inégalités structurelles – en investissant dans le capital humain, en taxant les plus fortunés via l’impôt sur le revenu ou l’impôt foncier ou encore en renforçant le libre échange régional – afin de favoriser la croissance et réduire la pauvreté.

« Face à une situation budgétaire qui reste vulnérable aux perturbations économiques mondiales, les gouvernements africains doivent prendre des mesures qui permettent de constituer des réserves indispensables pour prévenir ou faire face aux chocs futurs », conclut la Banque Mondiale.

Avec AFP

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